Éditions L’ASIATHÈQUE

Les Veilleurs de nuit

de Tiunn Ka-siông

Parution 8 octobre 2025

Préface de Gwennaël Gaffric

Traduit du taïwanais et du chinois (Taiwan) par Gwennaël Gaffric

Collection « Taiwan fiction »

 


Le roman musical d’un jeune auteur à suivre, héritier taïwanais de García Márquez

Premier roman de l’auteur, et musicien, taïwanais Tiunn Ka-siông, Les Veilleurs de nuit est une fresque poétique et hantée, qui tisse le réalisme magique avec l’histoire orale, les légendes locales et les souvenirs d’enfance. Le récit se déroule dans la localité fictive de « Bourg-Brûlé », inspirée de Min-hsiung, le village natal de l’auteur, situé dans le comté de Chiayi, au sud-ouest de Taiwan.

La narration prend une forme éclatée et non linéaire, entre confidences intimes, mythes locaux et chroniques documentaires (tantôt authentiques, parfois inventées). Le narrateur adulte revient sur son enfance marquée par une atmosphère familiale étouffante, un père taciturne, une mère superstitieuse, et par la présence diffuse d’esprits errants, de dieux mineurs et de spectres politisés. Il partage avec son amie d’enfance, Tsiu Bí-hu?, une sensibilité précoce au monde invisible. Figure ambivalente, Bí-hu? est identifiée à une incarnation du « veilleur de nuit », divinité obscure veillant sur les morts et les âmes errantes.

Chaque chapitre est centré sur une anecdote, un souvenir, connecté à un rituel ou une vision, où se croisent dieux oubliés, revenants de la Terreur blanche, divinités des rivières issus de cadavres anonymes, ou encore un marginal accusé d’avoir cuisiné un poisson-chat sacré appelé « Bouddha ». À travers ces épisodes, c’est toute une mémoire souterraine de Taiwan qui affleure, en particulier celle des répressions de 1947, relue à travers le prisme des mythes ruraux.

Dans les dernières pages, un rêve partagé condense cette réactivation du passé : une procession d’âmes menée par le veilleur de nuit traverse le village. Elle culmine dans la découverte, dans les ruines d’un ancien poste de police japonais, d’une peinture représentant cette divinité, comme la preuve enfouie d’une mémoire historique occultée.