DORMEZ JE LE VEUX !

suivi de  MAIS N’TE PROMENE DONC PAS TOUTE NUE ! 

Georges Feydeau / mise en scène Gilles Bouillon

 

Ah ! que cela est fou, mais que cela est amusant ! Il n’y a pas à dire, il a été merveilleusement doué de joie et d’invention burlesque, ce jeune Feydeau … C’est absurde évidemment, mais si drôle ! 

Catulle-Mendès

 

Coup double. D’abord parce que dans ces deux comédies Feydeau tire frénétiquement, et en un temps record, toutes ses cartouches comiques à la fois. Parce qu’on en redemande et qu’il faut bien ces deux étages à la fusée du rire…Coup double, parce que, au-delà des différences de genre entre le vaudeville (Dormez, je le veux !) et la farce conjugale (Mais n’te promène donc pas toute nue !) et malgré l’écart temporel entre les deux pièces (1898-1911 : treize années !), ce qui frappe c’est la permanence et la vigueur du style,cette folle gaîté, le tempo effréné, le mélange d’horlogerie fine et de débordements absurdes, la pointe acérée sous la légèreté du ton. Surtout, dans ces deux comédies en un acte, un même bruit de fond. Comme un retour – feed back- du refoulé, à la fois de la réalité socio-économique et de l’inconscient…

Dans Dormez, je le veux ! Justin le domestique, grâce à son talent d’hypnotiseur, se fait servir par son patron dont il fume les cigares… Le valet mène le jeu, redistribue les cartes du jeu social et dénonce ainsi de manière carnavalesque le système d’exploitation et de domination mis en place par la bourgeoisie .

Clarisse, la protagoniste de Mais n’te promène donc pas toute nue, est l’épouse d’un homme politique en vue. Dans ce milieu guindé de convenances, de préjugés et d’hypocrisies, elle manifeste une (presque) totale liberté de tenue et de langage. Loin d’être une ingénue ou une écervelée, son apparente légèreté lui permet une critique sans concessions du système parlementaire corrompu, des contrats de mariage, de la vie domestique, de la situation d’infériorité faite aux femmes.

Création du 22 au 26 novembre 2019 au Théâtre de Châtillon (92)