« LES MENSONGES DE SEWOL » de Kim Takhwan (L’Asiathèque) – 10 juin 2020

Les Mensonges du Sewol

Kim Takhwan

L’Asiathèque, 10 juin 2020


Un roman vrai poignant à la résonance très actuelle, avec en toile de fond le quotidien des plongeurs chargés d’explorer l’épave du Sewol.

Extrait. “Monsieur le Juge, Je veux être clair. […] Aucun d’entre nous ne s’attendait à être viré de cette façon. Pouvez-vous imaginer qu’on stoppe les opérations quand onze corps sont encore coincés à l’intérieur de la coque ? Tous les plongeurs, y compris Lyu, l’accusé, étaient prêts à travailler 24 heures sur 24 pour récupérer les disparus. Avril, mai, juin étaient déjà passés et en juillet notre impatience grandissait. Elle est toujours là, pendant que je vous écris. À la maison, dans un square, au supermarché, je m’arrête souvent. Je n’ai pas besoin de fermer les yeux pour visualiser le plan détaillé du bateau. […] Comme j’y ai laissé onze personnes, je fais toujours le même rêve. […] Ça me fait tout drôle. Les rares fois où j’écris, c’est sur mon carnet de plongée […]. Je n’aurais jamais imaginé rédiger une telle lettre.
Avec Les Mensonges du Sewol, Kim Takhwan a choisi de se focaliser sur les plongeurs professionnels auxquels a incombé la rude tâche de remonter à la surface les corps des disparus. Le fil conducteur du récit est la lettre que l’un d’entre eux, Na Kyong-su, écrit au juge chargé de l’affaire pour défendre un collègue accusé d’homicide par négligence à la suite du décès d’un plongeur. En contrepoint à ce plaidoyer qui reprend le déroulé des événements ayant suivi la catastrophe, « Les voix du 16 avril » mettent en scène diverses personnes atteintes par le drame ou impliquées dans l’affaire : d’autres plongeurs, la fiancée de Na Kyong-su, des parents de rescapés et de victimes, des jeunes gens ayant survécu, un avocat-conseil, un fonctionnaire obtus, et aussi diverses personnes livrant avec brutalité leur opinion négative sur les doléances des familles et celle des plongeurs, soupçonnés de chercher à se faire de l’argent sur le dos du contribuable.

Si l’auteur, par souci de conférer à son roman une portée universelle, fait le choix de ne nommer le Sewol que dans sa postface, ce drame, qui a profondément secoué la société coréenne et contribué à la chute de la présidente de l’époque, Park Geun-hye, a donné lieu à une série de films qui ont été vus par un public nombreux. Quatre sont des documentaires enquêtes, le cinquième est un long-métrage « commercial » sans critique politique : Diving Bell / The Truth Shall not Sink with Sewol (2014), de Lee Sang-ho, Intention, de Kim Ji-yeong, In the Absence (2019), de Yi Seung-jun, President’s 7 Hours (2019), de Lee Sang-ho, Birthday (2019), de Lee Jong-un.

Nastassja Martin, lauréate du Prix littéraire François Sommer 2020 pour « Croire aux fauves »

Le Prix littéraire François Sommer 2020

est attribué à Croire aux fauves

de l’anthropologue Nastassja Martin

(Éditions Verticales, 2019)

François Sureau, Président d’honneur du jury, et l’ensemble des membres du jury* ont été conquis par cet ouvrage de grande qualité. Croire aux fauves, de l’anthropologue Nastassja Martin, offre une réflexion profonde sur l’altérité et la métamorphose à partir de sa rencontre violente avec un ours et du récit de sa renaissance.

Doté de 15 000 euros, le Prix littéraire François Sommer récompense un ouvrage (roman ou essai) qui explore d’une façon originale et sensible la question des relations de l’homme à la nature et ouvre des voies nouvelles pour penser les enjeux écologiques contemporains.

La remise du Prix s’est déroulée ce vendredi 24 janvier 2020 à 18h30 au sein de la Fondation François Sommer, à l’Hôtel de Guénégaud, 60 rue des Archives – Paris 3 e

«Ce jour-là, le 25 août 2015, l’événement n’est pas : un ours attaque une anthropologue française quelque part dans les montagnes du Kamtchatka. L’événement est : un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent. Non seulement les limites physiques entre un humain et une bête qui, en se confrontant, ouvrent des failles sur leurs corps et dans leurs têtes. C’est aussi le temps du mythe qui rejoint la réalité ; le jadis qui rejoint l’actuel ; le rêve qui rejoint l’incarné.»

Née en 1986, Nastassja Martin est anthropologue, diplômée de l’EHESS, spécialiste des populations arctiques. Sa thèse sur les chasseurs-cueilleurs Gwich’in a donné lieu à un essai, Les Âmes sauvages – Face à l’Occident, la résistance d’un peuple d’Alaska (La Découverte, 2016).

* Président d’honneur : François Sureau, avocat, écrivain – Président : Xavier Patier, écrivain – Claude d’Anthenaise, Conservateur général du patrimoine – Jean-Luc Chapin, photographe – Nicolas Chaudun, écrivain – Alain Finkelkraut, lauréat 2019 pour son ouvrage Des animaux et des hommes (Editions Stock, 2018) – Colette Kerber, libraire – Catherine Pégard, présidente de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles – Philippe Salvadori, historien, maître de conférences de l’Université de Bourgogne – Anne Simon, spécialiste de littérature (XXe-XXIe siècles) CNRS-EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales) – Le Master Gouvernance de la transition écologie et sociétés (AgroParisTech/Paris Saclay) représenté par deux étudiants : Anne-Gaëlle Beurier et Léo Lebègue

« Le dictionnaire de ma vie » de Élie Chouraqui (éditions Kero) – 15 mai 2019

Quelle vie !

Lettre après lettre, Élie Chouraqui raconte son histoire comme un roman avec une liberté de parole et de ton décapante.
Le récit sans langue de bois d’un parcours artistique couronné de succès envers et contre presque tout.
Aucune bonne fée ne s’est en effet penchée sur le berceau de ce fils d’une modeste famille juive revenue d’Algérie. Rien ne le prédestinait à devenir athlète de haut niveau, scénariste, réalisateur de cinéma, auteur, metteur en scène de comédie musicale, sinon l’amour d’une mère adorée et trop tôt disparue et une audace faite de mille angoisses.
Avec une extrême sensibilité qui éclaire aussi son talent et ses succès à l’écran ou à la scène, Élie Chouraqui ne dissimule rien de ses désarrois intimes, de ses passions et de ses colères.
Cette mise à nue, écrite dans un style à la fois séduisant et très original, une plume d’écrivain, est souvent bouleversante et fait tomber le masque d’un homme qui, jusqu’alors, s’est protégé par l’humour. Rien ne l’a épargné, un accident de jeunesse qui déforme son visage, la mort trop précoce de sa mère, le regard jamais indulgent de la critique ! Mais sa vie est aussi faite de rencontres exceptionnelles. Ce sont plus de quarante années qui défilent ainsi sous nos yeux étonnés par cette énergie, ce goût des autres, cette recherche du bonheur, cette part de tragique, cette nécessité de créer, ce refus du renoncement…

Parution le 15 mai 2019

« Guan-gong dit oui » de Charlotte Pollet (L’Asiathèque) – 27 février 2019

Les maths, c’est du chinois !
Et les maths en chinois, alors qu’est-ce que c’est ?

Guan-gong dit oui est un récit plein d’humour et d’autodérision. Il retrace le parcours original d’une jeune femme brillante qui met toute son opiniâtreté à venir à bout d’une équation personnelle à plusieurs inconnues, et en chinois de surcroît.

« La seule véritable aventure, c’est de tout laisser. Un aller sans retour et sans savoir où l’on va. Lâcher prise, se laisser porter, abandonner toute détermination, et le plus difficile, s’y complaire. Déposer les armes devant l’angoisse des lendemains, comme un ultime combat contre soi-même. Voilà, c’est ça, vaincre en déposant les armes. C’est dans cet état d’esprit que j’ai débarqué à Taiwan avec l’idée saugrenue de faire des mathématiques en chinois. »

Charlotte Pollet

Parution le 6 février 2019

« Funérailles molles » de Fang Fang (l’Asiathèque) – 13 février 2019

Autour des drames qui ont marqué la Réforme agraire chinoise : une puissante oeuvre littéraire qui traite de la mémoire et de l’oubli.

Au de?but des anne?es 1950, lors de la Re?forme agraire, une famille de proprie?taires terriens se suicide pour e?chapper aux se?ances d’accusation publique, dites « se?ances de lutte », qui l’attendent. Les corps sont enterre?s sans linceuls ni cercueils dans des fosses creuse?es a? la va-vite. La jeune Daiyun est de?signe?e pour les combler, traumatisme — parmi d’autres — qui lui fera occulter le passe?.

Le roman Fune?railles molles aborde le sujet sensible et de?rangeant de la Re?forme agraire. Ayant pre?ce?de? d’une dizaine d’anne?es la Re?volution culturelle, c’est l’un des e?pisodes les plus meurtriers de l’histoire re?cente du pays, tre?s peu traite? dans la litte?rature chinoise en raison des tabous qui lui sont attache?s. Inspire? d’une histoire vraie, le re?cit part d’allusions voile?es aux e?ve?nements douloureux qu’a ve?cus une jeune femme et qu’elle a occulte?s sa vie durant car le souvenir en e?tait insupportable. Devenue a?ge?e, elle voit soudain le passe? resurgir violemment et, le choc ayant provoque? chez elle un e?tat d’apparente prostration, revit inte?rieurement a? l’envers, e?tape par e?tape, les drames disparus de sa me?moire tandis que son fils s’e?vertue a? les reconstituer — jusqu’au moment ou? il y renonce, l’oubli lui semblant pre?fe?rable.

Ce roman apparai?t a? la fois comme un document exceptionnel et comme une œuvre litte?raire majeure. Aussi inte?ressant par le fond que par la forme, il de?passe le cadre de la Re?forme agraire chinoise pour livrer une re?flexion universelle et toujours actuelle sur la tentation de l’oubli et le devoir de me?moire dans un contexte ou? la ve?rite? historique se re?ve?le insaisissable. Son importance a e?te? souligne?e par un article de Brice Pedroletti dans le Monde (26 aou?t 2017).

Parution le 13 février 2019

Alain Finkielkraut, lauréat du Prix littéraire François Sommer 2019

ALAIN FINKIELKRAUT
LAURÉAT DU PRIX LITTERAIRE FRANÇOIS SOMMER 2019
POUR DES ANIMAUX ET DES HOMMES

Le Prix littéraire François Sommer 2019 est attribué à Des animaux et des hommes, sous la direction d’Alain Finkielkraut, une co-édition Stock-France Culture.

L’explorateur Jean-Louis Étienne, président d’honneur du Jury, Xavier Patier, président du Jury, et l’ensemble de ses membres ont particulièrement apprécié cet opus.

« Cette année le jury du Prix littéraire François Sommer a exprimé sa préférence pour un livre atypique parce que collectif : Des animaux et des hommes. Le choix de cet ouvrage s’est imposé car le sujet traité — l’irruption de la cause animale sur la scène politique —, la méthode proposée — donner la parole à des opinions divergentes mais crédibles et capables de dialoguer —, et la hauteur des vues exprimées correspondaient exactement aux ambitions que poursuit depuis sa création la Fondation François Sommer. De plus, servi par une grande voix de notre pensée contemporaine, celle d’Alain Finkelkraut, Des animaux et des hommes a donné l’impression d’une contribution qui arrivait au bon moment et qu’il fallait saluer. Ce prix fera date pour nous. » a souligné Xavier Patier.

Les auteurs de renom interrogés dans Des animaux des hommes ** apportent un éclairage fécond aux questions parfois complexes soulevées par la cause animale et confèrent à cette publication une manière de référence pour tous ceux qui s’intéressent à la dimension philosophique des relations homme/nature.

Doté de 15 000 euros, le Prix littéraire François Sommer récompense un ouvrage (roman ou essai) qui explore d’une façon originale et sensible la question des relations de l’homme à la nature et ouvre des voies nouvelles pour penser les enjeux écologiques contemporains. La remise du Prix s’est déroulée vendredi 18 janvier, à 18h30, à la Fondation François Sommer à Paris, dans le cadre de la troisième édition du Salon du livre Lire la nature qui aura lieu ce week-end.

Vendredi 18 janvier 2019
Musée de la Chasse et de la Nature
62 rue des Archives
75003 Paris

« Lire la nature » – 19 et 20 janvier 2019

SALON DU LIVRE LIRE LA NATURE, LE RENDEZ-VOUS INCONTOURNABLE POUR PENSER LA QUESTION DE LA NATURE

RENDEZ-VOUS POUR LA 3e ÉDITION DE LIRE LA NATURE

La Fondation François Sommer donne rendez-vous aux Parisiens samedi 19 et dimanche 20 janvier pour la 3e édition du Salon Lire la Nature, en plein coeur de Paris. D’accès libre et gratuit ce Salon, premier du genre, est dédié aux relations entre l’homme et la nature et a pour objectif de permettre au grand public de rencontrer écrivains, spécialistes de l’environ- nement et grands explorateurs qui écrivent sur ces questions cruciales pour notre avenir et éclairent les débats actuels.

RENCONTRER SPÉCIALISTES ET ROMANCIERS

Gilles Clément, Adeline Dieudonné, Alain Finkelkraut, Anne-Marie Garat, Serge Joncour, Alexandre Lacroix, Baptiste Morizot, Michel Pastoureau, Emmanuelle Pouydebat, Daniel Picouly, Emmanuelle Pirotte, Jean Tholin, Francis Tabouret, Didier van Cauwelaert… et bien d’autres.

Plus de quarante auteurs seront présents tout le week-end pour débattre et répondre aux questions du public dans les salles du magnifique musée de la Chasse et de la Nature ainsi que dans les salons de la Fondation François Sommer. Films, débats, conférences pour les adultes ; ateliers, lectures contées, visites découvertes du musée pour les plus jeunes : une program- mation qui permettra toutes les explorations et découvertes. Les auteurs dédicaceront leurs ouvrages qui seront en vente dans deux librairies spécia- lisées dont l’une dédiée aux livres pour enfants.

LE PRIX LITTÉRAIRE FRANÇOIS SOMMER

Créé en 1980, par Jacqueline Sommer en mémoire de son mari, fervent défenseur des espèces et des espaces sauvages, ce prix est doté de 15000 euros. Il récompense un roman ou un essai inédit, paru en 2018, qui renouvelle la pensée sur les relations de l’homme et de la nature. Le nom du lauréat du prix littéraire François Sommer 2019 sera dévoilé à la veille du salon et celui-ci sera présent lors de ces journées. Le président d’honneur du Prix 2019 est Jean-Louis Etienne.

CETTE ANNÉE, UNE CAUSE : PRÉSERVER LES ABEILLES ET INSECTES POLLINISATEURS

La diversité et l’abondance des espèces d’insectes qui butinent les plantes à fleur diminuent. Ce déclin des insectes pollinisateurs est un constat mondial et de nombreux facteurs en sont responsables. Ce déclin est particulière- ment préoccupant car les pollinisateurs ont un rôle majeur pour la repro- duction des plantes sauvages et pour la production agricole. 35% de notre alimentation repose sur des plantes pollinisées par les insectes. Et vous, que faites-vous pour les pollinisateurs? À l’occasion du salon, les visiteurs seront appelés à participer financièrement à la sauvegarde de ces insectes. Des ani- mations autour des ruches et des dégustations de miel seront offertes au public.

  • Rencontres-dédicaces avec les auteurs et le lauréat du Prix François Sommer
  • Visite libre du musée
  • Librairies Jeunesse et Adultes
  • Animations pour les enfants et les familles
  • Espace de restauration convivial ouvert tout le week-end

Samedi 19 et dimanche 20 janvier 2019
Musée de la Chasse et de la Nature
62, rue des Archives
75003  Paris

2018-2019 : L’Asiathèque affirme son positionnement littéraire

2018-2019 : l’Asiathèque affirme son positionnement littéraire.

L’Asiathèque, dirigée par Philippe Thiollier, se place aujourd’hui comme l’un des principaux éditeurs français à proposer des ouvrages de littérature contemporaine d’Asie ou avec l’Asie comme terrain. Ce positionnement original et indépendant a pour but de faire découvrir des voix alternatives avec des traductions particulièrement soignées de romans et de nouvelles d’auteurs peu ou pas connus en France.

La collection « Taiwan fiction » en témoigne notamment avec des parutions régulières depuis 2015, et un titre à venir en novembre 2018, Encore plus loin que Pluton, de Huang Chong-kai, auteur que certains qualifient de Paul Auster du monde chinois.

La collection « Monde Indien » prend place dans le catalogue de l’Asiathèque avec la parution concomitante au mois d’octobre 2018 de Joothan, autobiographie d’un intouchable et de Salaam, deux traductions du hindi de deux livres majeurs de la littérature contemporaine de l’Inde, écrits par Omprakash Valmiki, un des auteurs les plus importants de ce pays. Un événement !

Le domaine indien sera complété en novembre 2018 par la parution de 80 mots de l’Inde, de Mira Kamdar, livre adapté de sa chronique dans le Courrier International.

La littérature contemporaine de Chine arrive également dans le catalogue de l’Asiathèque en février 2019 avec Funérailles molles, de Fang Fang. Une puissante oeuvre littéraire qui traite de la mémoire et de l’oubli, autour des drames qui ont marqué la réforme agraire chinoise. Un roman unique, sur des sujets rarement abordés, dont l’importance a été soulignée par la critique, notamment un article de Brice Pedroletti dans Le Monde.

Des écrivains francophones sont aussi publiés à l’Asiathèque avec des histoires témoignant d’un ailleurs géographique et culturel. Après Lettres d’Ogura, publié en 2017, et son regard impressionniste sur un petit hameau près de Kyoto, Hubert Delahaye nous emmène avec Histoires de mers (novembre 2018) vers des horizons lointains. Récits poignants, ou empreints d’une ironie amère, imprégnés de ses lectures et de ses voyages. Charlotte Pollet, avec Guang-gong dit oui ! (janvier 2019), récit autobiographique, nous entraîne dans l’aventure drolatique d’une prof de philo qui s’expatrie pour apprendre les mathématiques en chinois.

L’Asiathèque a rejoint en 2018 l’Union des éditeurs de voyage indépendants (UEVI, uevi.org).

« 80 mots de l’Inde » de Mira Kamdar (l’Asiathèque) – 14 novembre 2018

80 mots de l’Inde

L’Inde racontée par les mots de Mira Kamdar

Raconter l’Inde par les mots, dire leur histoire, leurs connotations, leur usage dans le quotidien et leur importance au regard des grands enjeux qu’affronte la société indienne contemporaine, mais aussi dire comment ces mots ont marqué l’auteure à différents moments de sa vie, voici ce que Mira Kamdar a fait dans la chronique « Le mot de l’Inde », publiée dans la revue Courrier International entre 2009 et 2014. Le livre 80 mots de l’Inde présente une sélection de ces mots, et en ajoute d’autres de telle sorte que le lecteur aborde en douceur et de façon significative la culture, la société, la spiritualité, la politique et le fabuleux monde naturel de l’Inde. Chaque mot donne lieu à une réflexion qui jette un trait de lumière sur une civilisation vieille de plusieurs millénaires et sur une république qui, tant bien que mal, fraye son chemin de pays émergent dans ce XXIème siècle si compliqué.

Par son père natif du Gujarat, Mira Kamdar a l’Inde dans le sang. Experte mondialement connue de ce pays, auquel elle a consacré plusieurs livres, dont Motiba’s Tattoos: A Granddaughter’s Journey from America into her Indian Family’s Past (Public A?airs, 2000 ; Plume, 2001), Planet India, l’ascension turbulente d’un géant démocratique (Actes Sud, 2008) et India in the 21st Century (Oxford University Press, 2018), elle fut membre du conseil éditorial du New York Times chargé de l’international (2013-2017). Parfaitement francophone, elle a aussi écrit une thèse sur Diderot, dirigée par Philippe Lacoue-Labarthe. Les langues, les tournures de phrases et la sédimentation de sens que les mots accumulent au ?l du temps l’ont toujours passionnée. Américaine de naissance, elle vit en France depuis 2010.

Extrait “ la victoire, la jeet en hindi, est un thème récurrent dans la politique indienne moderne. Le verbe jeetna veut dire gagner mais aussi prévaloir, réussir, triompher, voire dompter. C’est avec l’impératif jai que l’on appelle la victoire de ses voeux. Le terme est apparu vers 400 avant notre ère, lorsque le poète Valmiki, dans sa version de l’.pop.e du Ramayana, a fusionné le religieux et le politique dans la figure de la mère patrie sacrée. Petite fille, j’étais naturellement fascinée par les déesses hindoues. Tous les matins, à l’école maternelle, à Bombay, je chantais à tue-tête la fin de l’hymne national : « La victoire est arrivée ! La victoire, la victoire, la victoire est arrivée ! » Le slogan de tous les leaders indépendantistes était « Jai Hind ! » (« Victoire à l’Inde ! »). Ce fut notamment avec ces mots que Nehru conclut son émouvant discours après l’assassinat du Mahatma Gandhi. Mais, après plus de deux mille ans et alors que l’impératif jai a si bien servi les poètes et les politiciens, Narendra Modi, le ministre en chef de l’état du Gujarat de 2001 à 2014, qui incarne cette Inde des nationalistes hindous aussi libéraux et technocrates qu’antimusulmans et antichrétiens, a décidé de passer à autre chose. Son slogan, « Jeetega Gujarat ! » (« Le Gujarat gagnera ! »), met le verbe jeetna au futur, ce qui change tout. Car ce petit glissement grammatical de l’impératif au futur comporte un grand glissement sémantique : on passe de la fusion du sacré avec le profane au profane tout court. Modi, élu Premier ministre en 2014, savait très bien que, dans l’imaginaire de la classe moyenne indienne, celle qui constitue sa base ainsi que celle de son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), ce slogan évoquait les titres des émissions de télé-réalité du moment – Kaun Jeetega Bollywood Ka Ticket (« Qui gagnera une place à Bollywood ? ») et Biggest Loser Jeetega, où des personnes obèses essaient de perdre le plus de kilos possible. ”

Le 14 novembre 2018

Le Livre sur la Place, 40e édition – 7-8-9 septembre 2018

La 40ème édition du Livre sur la Place à Nancy : un cru exceptionnel

Le salon de la rentrée littéraire, avec plus de 600 auteurs présents et une centaine d’événements, fêtera sa 40ème édition du 7 au 9 septembre prochains sous la présidence exceptionnelle de l’Académie Goncourt

À année exceptionnelle, événement exceptionnel ! Nancy a proposé aux dix académiciens Goncourt, fidèles ambassadeurs du Salon depuis sa création, d’en être les présidents. Ils annonceront, sous la houlette de Bernard Pivot, pour la première fois à Nancy, les quinze lauréats en lice pour le Prix Goncourt, en ouverture de la manifestation le vendredi 7 septembre à la Mairie de Nancy.

L’édition 2018 réunira de nombreux auteurs français et étrangers : Salman Rushdie, Boris Cyrulnik, Alain Mabanckou, Delphine de Vigan, Jérôme Ferrari, Christophe Boltanski, Jean-Christophe Rufin, Dany Laferrière, Vénus Khoury-Ghata, Marie-Aude Murail, Emmanuelle Pirotte, Tobie Nathan, Jérôme Chantreau, Serge Joncour, Philippe Torreton, Laurent Seksik, Joann Sfar, RJ Ellory… 

Des débats, des grandes rencontres et des lectures rythmeront ces trois jours littéraires au cœur du somptueux patrimoine du XVIIIe siècle de Nancy, classé à l’Unesco : citons la lecture-spectacle de la comédienne Isild Le Besco ; l’écrivain espagnol Javier Cercas en dialogue avec Pierre Assouline et un duo prestigieux pour clore le Festival : Isabelle Adjani et Lambert Wilson.

Les festivités seront lancées dès le jeudi 6 septembre à l’Opéra National de Lorraine avec une lecture hommage à Jean d’Ormesson par Alice Taglioni.

Enfin, six prix littéraires seront décernés pendant le salon : le Goncourt de la Biographie Edmonde Charles-Roux, le Prix Livre et Droits de l’Homme, le Prix Stanislas, Le Prix des Libraires – Le Point, La Feuille d’Or de la ville de Nancy – Prix des Medias – France Bleu Lorraine – L’Est Républicain – France 3 Grand Est.

Créé en 2002 par André Rossinot, alors maire de Nancy, avec Simone Veil à ses côtés qui en fut la première présidente, le Prix Livre et Droits de l’Homme sera présidé cette année par le professeur Axel Kahn. Le lauréat sera annoncé le 19 juillet et le Prix sera remis officiellement lors du Livre sur la Place le vendredi 7 septembre.

Après Serge Joncour et Daniel Picouly, Leïla Slimani, prix Goncourt 2016, présidera cette année la troisième édition du Prix Stanislas Groupama Livre sur la Place qui récompense le meilleur roman de la rentrée. Le jury se réunira jeudi 28 juin 2018 à Nancy afin d’établir sa sélection de dix romans et annoncera le nom du lauréat fin août.

Plus d’informations sur lelivresurlaplace.fr

7, 8 et 9 septembre 2018
Place de la carrière, Nancy

« Génération Internet » de Jean M. Twenge (Éditions Mardaga) – 20 septembre 2018

Génération Internet

Comment les écrans rendent nos ados immatures et déprimés

JEAN M. TWENGE

Née à partir de 1995, la Génération Internet a grandi avec un téléphone portable au creux de la main, avait un compte Instagram avant d’entrer au lycée et ne se souvient pas de l’époque précédent Internet.

Ouvrir le débat

À travers de nombreuses thématiques, Jean M. Twenge, psycho­logue américaine de renom, s’interroge sur l’omniprésence des smartphones dans la vie des adolescents et sur les risques d’une surexposition aux écrans. Elle s’attache aussi à démontrer le lien entre les écrans et l’instabilité mentale grandissante observée chez ces jeunes, sans toutefois tomber dans la diabolisation.

Une enquête sociologique

Pour construire son analyse, l’auteure s’est basée sur des don­nées scientifiques et statistiques issues d’études menées sur plus de 11 millions d’adolescents. Dans Génération Internet, elle dresse le portrait de cette génération, décrypte ses attitudes et comportements et offre des éléments de réponse aux questions que parents, professeurs et employeurs se posent.

Jean M. Twenge est docteure et professeure en psychologie à l’uni­versité de San Diego, aux États-Unis. publications scientifiques citées par de nombreux médias à travers le monde, dont le New York Times, Newsweek ou encore le Washing­ton Post.

Vincent de Coorebyter, auteur de la préface, est président du Centre de recherche et d’information socio-politique (CRISP) et professeur à l’Université libre de Bruxelles (ULB) où il occupe la chaire de philosophie sociale.

Serge Tisseron, auteur de la post­face, est docteur en psychologie, psychiatre, psychanalyste et cher­cheur à l’université Paris VII Denis Diderot. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et est à l’origine du projet d’éducation numérique 3-6-9-12.

Le 20 septembre 2018