TALENTS ADAMI THÉÂTRE – 6 au 10 octobre 2020

Talents Adami Théâtre

Le Choeur mise en scène de Fanny de Chaillé

du 6 au 10 octobre 2020 au Festival d’Automne à Paris – Atelier de Paris / CDCN

Les Talents Adami Théâtre offrent à de jeunes artistes une occasion exceptionnelle de rencontrer des artistes accomplis et d’être découverts par de nombreux professionnels, une expérience de la scène unique. Dix jeunes comédiennes et comédiens vont travailler pendant plusieurs semaines à une création qui sera présentée en avant-première aux CDCN Atelier de Paris à la Cartoucherie dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.

Cette année, sélectionnés et dirigés par la metteuse en scène et chorégraphe Fanny de Chaillé, la nouvelle promotion des Talents Adami Théâtre, est constituée de 5 comédiennes et 5 comédiens : Marius Barthaux · Marie-Fleur Behlow · Rémy Bret · Adrien Ciambarella · Maud Cosset- Chéneau · Malo Martin · Polina Panassenko · Tom Verschueren · Margot Viala · Valentine Vittoz. 

Dans Le chœur, Fanny de Chaillé explore le poème « Et la rue », extrait de l’ouvrage Divers chaos, de l’auteur Pierre Alferi et interroge ainsi les représentations de manifestations contemporaines. Cette écriture, véritable partition musicale mêle la force du geste politique à la cadence métrique d’un flux poétique. Une forme polymorphe naît sur le plateau et donne à l’acteur une véritable responsabilité : celle du collectif.


INFOS PRATIQUES

Festival d’Automne – Atelier de Paris / CDCN 2 route du Champ de Manœuvre – Cartoucherie – 75012 Paris

www.festival-automne.com

Billetterie  +33 1 53 45 17 17 / en ligne

Les conditions d’accueil du public se feront en fonction de la situation sanitaire. Les informations accès et billetterie seront régulièrement mises à jour sur nos site et réseaux sociaux ainsi que ceux de nos partenaires.

ESPACE DES ARTS- Saison 2020-2021

Le Nouvel Espace des Arts

Saison 2020 – 2021

L’Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône (EDA), malgré un contexte particulièrement mouvementé, lié depuis mars 2020 à l’épidémie de la Covid-19, est resté actif et inventif.

Cabaret sous les balcons mis en scène par Léna Bréban a proposé aux résidents des Ehpad, dans tout le Département de Saône-et-Loire, un spectacle musical à la joie communicative. Un succès plébiscité et accueilli dans plus de 25 établissements jusqu’à début septembre.

Nicolas Royer, nouveau directeur de l’EDA depuis janvier 2020, poursuit, ainsi, une dynamique culturelle engagée et citoyenne qui s’illustre par la volonté d’aller vers tous les publics, de faire de l’EDA un outil moteur pour se divertir et aussi apprendre autrement, un lieu ouvert, accessible, porteur de mille possibles.

Deux axes emblématiques de son projet :

« Trop classe ! « , priorité donnée à la jeunesse avec la création d’un espace sur mesure, permanent, au cœur du théâtre, dédié à la classe du XXIe siècle.

Quatre artistes s’engagent à suivre chacun une classe à l’année avec leur compagnie autour de la thématique de l’oralité. Immersion totale pour les élèves de cycle 2 et 3 du territoire du Grand Chalon. A terme, 10 classes transplantées pourront être accueillies successivement pour travailler avec un artiste durant toute la semaine.

D’autre part, le spectacle Renversante de Léna Bréban sera créé le 30 janvier 2021 pour l’inauguration de « Trop classe ! ».

Bonnet blanc, blanc bonnet, en mars 2021, une création très attendue, texte de Manfred Karge, mise en scène par Matthias Langhoff, un des grands maîtres vivants du théâtre contemporain avec François Chattot et Emmanuelle Wion.

Théâtre, danse, cirque, musique, arts numériques, performances, tous les genres et disciplines sont au rendez-vous de cette nouvelle saison. Plusieurs focus rythment l’année en s’adressant à un très large public et en multipliant les occasions d’investir une scène nationale, flambant neuve.

SCÈNES OUVERTES À L’INSOLITE – 13e édition du 15 au 22 septembre 2020

Festival Scènes ouvertes à l’insolite

13e édition du 15 au 22 septembre 2020

Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette, en complicité avec le Théâtre aux Mains Nues, vous donne rendez-vous avec des artistes émergents et des créateurs audacieux.

Les artistes de cette treizième édition explorent la complexité de notre époque et nous restituent ce présent traversé de bouleversements. Ils posent sur la réalité leurs imaginaires et leurs questionnements.

Marionnettes, objets du quotidien, ombres et « machines à souvenirs » vous emportent au fil de récits drôles ou poignants et racontent l’évolution du monde. Aller au théâtre, c’est faire un pas vers l’inconnu, se mettre à l’écoute d’une idée, embarquer pour un périple enrichissant…

En un parcours, découvrez différents univers artistiques. Laissez- vous surprendre par les Scènes ouvertes à l’insolite !

Affiche ©Loïc Le Gall

LE NOUVEAU GARE AU THÉÂTRE – Saison 2020-2021 / Programme Sept. – déc.

Le Nouveau Gare au théâtre à Vitry-sur-Seine

Depuis septembre 2019, Diane Landrot et Yan Allegret, succédant à Mustapha Aouar, ont pris les rênes de Gare au Théâtre, au pied de la gare de Vitry-sur-Seine. Une « Fabrique d’arts » de 1800 m2 dotée de 5 espaces autour d’une grande salle entièrement modulable en pleine hauteur. Le jeune tandem souhaite développer l’ambition de ce lieu culturel en un espace de travail et de création pour les auteurs dramatiques, l’émergence et les habitants.

Ces derniers mois de « vide culturel » ont permis un rafraichissement du lieu, un réaménagement de certains espaces et bien sûr la construction de la saison 2020 – 2021. En janvier 2020, la grande salle a été renommée « Yoshi Oïda » du nom de l’artiste japonais âgé de 86 ans, l’un des parrains/marraines du lieu. Une seconde salle sera inaugurée à la rentrée.

Tout vous sera dévoilé lors d’une grande fête de rentrée, le 24 septembre.

Le Nouveau Gare au Théâtre poursuit activement l’accueil d’artistes en résidence et la tenue de nombreux ateliers à destination des professionnels comme des amateurs (150 personnes sont accueillies chaque semaine aux ateliers de pratique artistique, théâtre, chant, architecture, …). Un nouvel espace, entièrement gratuit, sera dédié aux écrivains-aines. Prenant place dans l’ancienne salle cabaret, cette pièce mise à la disposition des autrices et auteurs sera dotée de plusieurs tables de travail et d’une bibliothèque. Quoi de mieux qu’une ancienne friche industrielle, véritable vivier d’artistes pour susciter l’inspiration ?

Cêté programmation, les créations théâtrales, comme la pièce coup de poing de Mélanie Martinez Llense, Berck Plage, ou des pièces pour le jeune public, comme L’Ancêtre de Fabien Arca, alterneront avec plusieurs temps forts comme l’incontournable Gare aux jouets en décembre ou le contre-estival d’été NIP. On pourra aussi découvrir un nouveau festival dédié aux écritures contemporaines : Nous allons bien #1, qui se déroulera du 8 au 12 décembre en partenariat avec le collectif A mots découverts / les Hauts Parleurs.

A noter également la mise en place de rendez-vous réguliers :

  • I want your text, une rencontre d’un soir entre la scène et l’écrivain
    Les 1ers jeudis d’octobre, février et avril (8 octobre, 4 février et 1er avril)
  • Barock ! une soirée-concert du Baroque Nomade où les musiques et les disciplines s’affrontent avec hardiesse.
    Tous les premiers lundis du mois (5 octobre, 2 novembre et 7 décembre)
  • Soirée secrète, des invitations lancées au public à venir découvrir un programme inédit et secret (prochaine date : 5 novembre)

Le Nouveau gare au théâtre devient plus que jamais un lieu de vie et de création, un lieu de proximité entre compagnies et spectateurs, à deux stations de Paris, au pied de la gare de Vitry du RER C.

FÊTE DE RENTRÉE – JEUDI 24 SEPTEMBRE 2020 – 18H

Présentation de saison et carte blanche à un invité surprise


 

Diane Landrot et Yan Allegret à la tête du Nouveau Gare au Théâtre

Forte d’une expérience de dix ans à la tête du service du spectacle vivant de Mains d’Œuvres à Saint-Ouen et cofondatrice de plusieurs festivals dont FRAGMENT(S), Diane Landrot est reconnue pour son expertise dans l’accompagnement de l’émergence. Aguerrie aux particularités propres aux lieux intermédiaires.

Auteur dramatique, Yan Allegret est édité notamment chez Gallimard Jeunesse, Quartett, Espaces 34… Il est également metteur en scène, acteur et directeur de la compagnie (&) So Weiter, conventionnée par la région Île-de-France. Ses spectacles sont présentés en France et à l’étranger. Il entretient une relation singulière avec Gare au Théâtre où il a régulièrement écrit, répété et créé 7 spectacles depuis 1998. Vient de paraître le livre « Jeanne » aux éditions Quartett.

En arrivant au Nouveau Gare au Théâtre, nous avons fait le choix d’accompagner la vitalité de la jeune création, mettre en lumière le travail des auteurs-trices qui écrivent notre monde, partager et ouvrir sur le territoire. La promotion de la création contemporaine, l’engagement pour l’écriture et l’ancrage sur le territoire sont nos axes majeurs.

LE MOUFFETARD – Saison 2020-2021

Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette

Saison 2020-2021

DE LA NOUVELLE GÉNÉRATION AUX ARTISTES RECONNUS,

LA VITALITÉ MARIONNETTIQUE S’AFFIRME !

Tous auront leur place lors de cette saison 2020-2021 lors de la programmation des 11 spectacles au Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette ou lors des deux festivals qui exceptionnellement l’ouvriront et la clôtureront : Les Scènes ouvertes à l’insolite et la Biennale internationale des arts de la marionnette.

Cette saison vous découvrirez des créations, six, une surprise (la carte blanche d’Alice Laloy) et des formes plurielles et innovantes : Théâtre d’objets, théâtre visuel nourri par le cinéma et le théâtre d’ombres, marionnettes (à gaine chinoise, en mousse…). Sur le plateau, cette matière rencontre les arts du cirque, la danse, le mime et prend tantôt des formes humaines, abstraites ou animales. De quoi alimenter les imaginaires de tous les âges, explorer nos émotions et nos craintes, nos transformations (Comme suspendu du Théâtre de l’Articule, Ici ou (pas) la? du Collectif Label Brut, Du Balai de La Bobèche). Une fois encore ces mondes animés questionneront l’altérité, la tolérance comme avec la Compagnie à dans Le Chant du Bouc et La Conquète, ou tout simplement la douceur et la tendresse
 Poils de la Compagnie S’appelle Reviens). Rebetiko d’Anima théâtre, La Vie animée de Nina W. des Bas bleus éclaireront des parcours de vie qui, à travers l’exil, ont su se reconstruire et se nourrir du métissage culturel.
D’autres se sont emparés de textes contemporains, ceux de Guillaume Poix pour le collectif Le Printemps du machiniste avec Les Présomptions Saison 1 & 2 et Buffles de Pau Miro pour la Compagnie Arnica. Mis au service d’une écriture dramaturgique créative, ces spectacles nous éclairent sur notre société, notre vivre ensemble tant en fratrie que dans les relations hommes- femmes.

Mille et une raisons de tenter une expérience marionnettique !


TROUBLANTES APPARENCES

Une rentrée hors les murs !

les 11 et 12 septembre de 15h à 19h

À Paris, la marionnette voit grand et passe les portes de notre théâtre pour s’inviter dans l’espace public et vous convie à un lèche-vitrine marionnettique au cœur du 5e arrondissement. Quatre spectacles seront à découvrir dans des vitrines de boutiques, au Centre Culturel Irlandais et au détour d’une place. Originaux et grand public, ils vous feront découvrir les arts de la marionnette comme vous ne les avez jamais vus. > PROGRAMMATION

OUVERTURE DE SAISON Samedi 12 septembre à 17 h

Rendez-vous au Mouffetard- Théâtre des arts de la marionnette pour une présentation « express » de la saison 2020 – 2021.

Pour tout savoir des artistes, des spectacles et des rendez-vous !


 

Une saison remaniée suite à la crise sanitaire

« Si nous avons dû fermer les portes du théâtre mi-mars, l’équipe ne s’est pas arrêtée pour autant de travailler. C’est depuis la maison, en concertation avec les partenaires et les artistes, que la saison 2020/2021 – ce fameux « monde d’après » – a été ardemment aménagée et préparée.

La programmation de la saison prochaine était déjà bien avancée mais en bousculant le calendrier, nous avons réussi à reporter 2 rendez-vous, 17 représentations sur les 29 annulées, la carte blanche à notre artiste associée Alice Laloy et même une version repensée/ condensée du festival Les Scènes ouvertes à l’insolite. »

Les événements / spectacles reportés :

Les Scènes ouvertes à l’insolite du 15 au 22 septembre 2020

La Compagnie à

Le Chant du bouc du 1er au 4 octobre 2020

La Conquête du 7 au 15 octobre 2020

Carte blanche d’Alice Laloy

Opération 866+328 les 9 et 10 avril 2021

 

CABARET SOUS LES BALCONS Création Léna Bréban / EDA Scène nationale Chalon-sur-Saône Mai 2020

Cabaret sous les balcons

Une création de l’Espace des Arts, scène nationale Chalon-sur-Saône

Mise en scène Léna Bréban

Un Cabaret musical créé pendant le confinement et joué depuis le 20 mai 2020 sous les balcons et/ou devant les fenêres des Ehpads et des Maisons de retraites de Saône-et-Loire

PROCHAINES DATES JUILLET 2020

  • Mercredi 1er : Ehpad Résidence Canada – 8 rue du Canada – Le Creusot 15h
  • Vendredi 3 : Ehpad de Montcenis – Place de l’église – Montcenis -15h
  • Lundi 6 – à préciser
  • Mardi 7 – Autun à 15h30
  • Mercredi 8 – Parc des Loges – Le Creusot – 16h
  • Jeudi 9 – Les Reflets d’argent – Le Creusot -15h

Léna Bréban, artiste associé de l’Espace des Arts s’est entourée de quatre acteurs- chanteurs-musiciens Antonin Maurel, Adrien Urso, Léa Lopez, Cloé Sénia et Alexandre Zambeaux pour proposer le premier spectacle post-covid de France, une forme itinérante de 45 minutes destinée à nos aînés.

Respectant les règles sanitaires liée à l’épidémie du Coronavirus (La création fut accompagnée par un médecin-conseil), Cabaret sous les balcons a été conçu pendant le confinement et répété en visio-conférence avant la résidence dans les murs de l’Espace des Arts la semaine du 11 mai.

Ce spectacle singulier mêlant théâtre, danse et chansons constitue une parenthèse joyeuse pour les résidents qui ont dû, pendant de longues semaines, être privés des liens familiaux et amicaux. Une place particulière est accordée à la musique car sa simple exposition chez les personnes âgées ayant la maladie d’Alzheimer réussit à activer les capacités résiduelles de la mémoire et apporte une sensation de bien-être.

Riche de son succès, Cabaret sous les balcons va entamer une tournée d’été d’environ vingt-cinq dates dans le Grand Chalon.

Pari réussi donc pour Léna Bréban la metteuse en scène qui a souhaité très rapidement inventer une nouvelle façon de travailler pour aller vers le public et pour Nicolas Royer directeur de l’Espace des Arts qui a tenu à laisser son théâtre ouvert depuis le début de cette crise.Un spectacle généreux et émouvant qui marque un retour à la vie.

Article The New York Times 

Photos ©Julien Piffaut

« DE LA PROMESSE À LA PERSÉVÉRANCE » Correspondance entre Matthias Langhoff et Nicolas Royer / Avril 2020

Correspondance entre Matthias Langhoff, metteur en scène franco-allemand

et Nicolas Royer, directeur de l’Espace des Arts, scène nationale Chalon-sur-Saône

 

Lettre de Matthias Langhoff à Nicolas Royer

« Mon cher Nico,

Quand tu m’as montré en février ton nouveau foyer, l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, une des dernières «Maisons de la Culture» construite selon la conception d’André Malraux – tu étais fier de la réussite des travaux de rénovation, des nombreuses scènes, des autres espaces susceptibles d’accueillir du public, des surfaces d’exposition – je t’ai demandé si tu avais aussi suffisamment d’argent pour faire vivre cette maison. «Bien sûr que non», m’as-tu répondu avec un sourire triste. J’ai senti la colère monter en moi.

Le cadavre de Malraux a été enterré au Panthéon et avec lui, semble-t-il, sa grande idée, une vie culturelle pour tous. Il  n’avait pas peur de l’idée d’une «politique culturelle» et y voyait, soutenu par de Gaulle, une des tâches centrales d’un gouvernement français. La Maison de la Culture de Chalon, qui, à vrai dire, avait été pensée pour Dijon mais n’avait pas reçu l’approbation du maire-chanoine et inventeur d’apéritif Félix Kir qui y voyait une «idée communiste», est un exemple judicieux pour juger de la politique culturelle actuelle qui n’a rien de commun avec l’héritage de Malraux.

Car la politique qu’on pratique aujourd’hui, sans conscience et fondée sur des impératifs économiques, mène aussi à une politique anti-culturelle. La rénovation généreuse du bâtiment et ici, pour une fois, réussie, ce qui n’arrive pas si souvent, accroît sa valeur immobilière pour son propriétaire, indépendamment des revenus liés à son utilisation. Le propriétaire attend néanmoins de ces revenus qu’ils soient les plus hauts possibles pour des coûts de production réduits. C’est cette règle du jeu qu’on appelle «liberté artistique» : elle repose sur le postulat que le robinet puisse aussi être définitivement fermé. Pour l’Etat français actuel, la politique culturelle, c’est du sponsoring, pas une artère vitale à la nation et à sa population.

Après t’avoir promis d’écrire quelque chose sur un possible usage de l’Espace des Arts au sens de Malraux et sur le mépris de cet héritage par les gens chargés aujourd’hui d’en administrer la succession, l’envie m’est passée d’écrire en pensant que mes destinataires, dans tout ce qu’on peut coucher sur le papier, ne cherchent que les chiffres et surtout les chiffres derrière lesquels il y a le signe: €. Car c’est bien ainsi que se comprend le diktat de la liberté artistique.

Et puis notre façon de produire et de consumer, bien trop négligente, ainsi qu’une démocratie qui n’est qu’obligation à l’enrichissement matériel, nous ont fait cadeau du Corona virus dont nous ne pouvons pas encore évaluer les conséquences, mais elles seront énormes. Je ne fais pas partie de ceux qui croient qu’après la crise, une reconstruction grandiose, avec masques sur le visage – la Burka peut se vanter d’avoir été là une précurseuse – arrangera tout et mieux qu’avant. Je fais partie de ceux qui sont convaincus qu’une transformation radicale de notre vie est nécessaire pour sortir, sur le long terme, de cette situation misérable. Le capitalisme dans sa forme libérale a fait son temps. Il n’en ira pas ainsi de l’élimination du capitalisme; il ne peut mourir que de lui-même, pour ainsi dire de mort naturelle. Justice, profit, morale, progrès, culture : autant de notions qu’il nous faut évaluer et manier de façon nouvelle.

En ce qui concerne le théâtre, je ne crois pas être trop grand pessimiste quand je suppose que les scènes ne seront plus accessibles à un public de masse jusqu’à la fin de cette année. Si elles étaient rendues accessibles, on peut se demander pour combien de spectateurs, et à quelle distance les uns des autres, cette ouverture resterait justifiable économiquement. La question se pose aussi de qui fréquentera encore les théâtres si cette fréquentation est liée à des risques pour la santé. La disparition de ce qu’on appelait administrativement jadis «spectacle vivant» signifie une catastrophe économique pour un nombre monstrueux de gens, et pour longtemps. Je ne parle pas seulement des artistes mais aussi des techniciens, constructeurs de décors, couturières, personnel des entreprises de nettoyage et  beaucoup d’autres… Parce que tous ces salariés sont chez nous, à une écrasante majorité, des salariés indépendants ou précaires, ils ne sont pas syndiqués et sont sans filet de sécurité.

Pourtant, il y a bien dans cette crise, que nous appelons encore «crise du Corona» au lieu de l’appeler crise du système, une opportunité. Qu’il ne puisse y avoir de représentations publiques ne signifie pas qu’on ne puisse produire dans les lieux de représentations – la seule chose qui s’y oppose, pour l’industrie culturelle publique, c’est le virus AVP (Achat-Vente-Profit).

On dit que toutes les mesures prises en ce moment, le sont surtout pour protéger les gens âgés dont je fais partie, car ils seraient les plus menacés par le virus. C’est grotesque, nous les vieux serons au contraire les moins touchés par les conséquences de la crise. Nous ou moi, vivons de petites retraites et avons été depuis longtemps exclus du processus productif. C’est pourquoi je sens qu’il est de mon devoir de dispenser des conseils. Aujourd’hui les artistes qui dirigent les théâtres ne sont plus des hommes d’Etat, plutôt des propriétaires à durée déterminée, alors les retraités, je pense, peuvent se conduire à nouveau comme des hommes d’Etat. Taper sur les nerfs de tout le monde avec leurs discours est le mieux qu’ils puissent faire.

Mais assez de justifications. J’écris pour demander à l’Etat un programme d’aide d’urgence jusqu’à fin de la saison 2020-21, à effet immédiat et sous conditions précises. A savoir un programme qui mise sur un travail culturel subventionné et même payé par l’Etat, et non sur sa vente. Quand, dans ce qui suit, je parle de théâtre, je suis bien conscient que ces réflexions concernent tous les arts qu’on rassemble sous le terme «spectacle vivant». Je dis théâtre parce que c’était et c’est toujours mon espace de travail.

Ce programme d’aide d’urgence devrait soutenir des essais (Versuche), c’est-à-dire des expérimentations, pour inciter l’art théâtral à développer une autre relation à son public et à son environnement. Je pense à des tentatives d’utiliser le théâtre pour des recherches scientifiques ou sociales ou dans le domaine de l’action sociale. Par exemple, jouer des tragédies grecques en cuisinant un repas pour des personnes démunies, avec le partage de la nourriture que cela implique. Le tout serait filmé comme contribution à l’art culinaire. Peut-être que des criminologues pourraient aussi utiliser le théâtre pour remettre d’aplomb la justice ?

En développant des formes ambulantes, on pourrait apporter le grand art dans les endroits les plus reculés. Je pense au travail pionnier de François Chattot et de sa compagnie Service Public, à son camion d’alimentation transformé en théâtre. Le camion s’arrêtait dans les plus petits villages et y restait plusieurs jours. L’entrée était gratuite ; les costumes, les accessoires et les bancs pour les spectateurs pouvaient être transportés dans le camion. On ne jouait pas tous les jours. Il y avait des représentations pour les enfants. Et des soirs où les villageois prenaient part au jeu.

Quand la merveilleuse administratrice de compagnies, Véronique Appel, s’est lancée à l’assaut de nouveaux rivages et a appris un métier de rêve pour un artiste, la boulangerie, il lui a fallu faire cette expérience : une femme au-dessus de cinquante ans en France ne trouve pas de travail dans un nouveau métier.

Chattot a alors proposé d’acheter un four pour son camion et d’aller avec Véronique dans les villages qui n’ont plus de boulangerie. Comme le pain de Véronique aurait été un geste artistique, il n’aurait pas eu de prix de vente et aurait donc pu être cuit en respectant les traditions et être de la meilleure qualité possible. C’était un pas pour se réapproprier la culture. Le pas ne s’est pas fait, le Ministère a refusé la subvention.

Une autre direction possible, ce sont les essais qui visent, à partir du théâtre, à se tourner vers la caméra. Je ne parle pas des captations de spectacles et de leur façon de tout aplatir ou de détruire le travail, mais d’un autre langage formel, d’un ciné-théâtre. Capable de délivrer les images du carcan de l’authenticité et de leur accorder plus de profondeur spirituelle. On trouve des exemples de ce que je veux dire, de façon impressionnante, dans le Casanova de Fellini. Ce film est du pur théâtre, dont l’espace devient image de cinéma. Fellini a construit sa scène dans les studios de Cinecittà à Rome. La mer de plastique fouettée par les vents que Donald Sutherland traverse avec la dernière énergie, est une séquence inoubliable qui utilise la tradition et les techniques du décor de théâtre. Fellini montre dans ce film, plus que tous les festivals, Avignon inclus, le plaisir que peut procurer le théâtre.

Le Ministère de la Culture pourrait aménager un endroit sur les réseaux où montrer toutes les activités qu’il subventionnerait et demanderait aux artistes, autant qu’elles seraient filmées. Ainsi le public serait sans cesse informé de ce pour quoi on dépense son argent.

Pendant cette crise du Corona, nous sommes obligés de vivre devant des écrans de télévision ou d’ordinateur. Je me rends compte avec surprise du peu de matériel nécessaire (la caméra d’un ordinateur personnel paraît suffire) pour réunir des gens devant un écran. Qu’ils forment un public ou un cercle de discussion.

A la fin des années vingt du siècle passé commença le règne de la radio. L’appareil au début ne suffisait pas, l’abonné devait aussi s’abonner à la station émettrice. Le jeune Brecht fit des essais, des expériences, avec cette nouvelle technique. Il écrivit une série de pièces chorales appelées «pièces didactiques» (Lehrstücke), qui, par un jeu en commun, devaient amener professionnels du théâtre et public à un apprentissage mutuel, à une expérience commune. Ces pièces étaient construites selon le schéma de la tragédie grecque dont la fréquentation dans l’antiquité était devoir de citoyen. Dans la proposition de Brecht pour la radio, les comédiens professionnels devaient travailler un morceau du texte sans le chœur comme s’il s’agissait d’une pièce radiophonique, et les textes du chœur, sans le reste, devaient être envoyés aux abonnés de la station, si bien que le soir du direct, les comédiens disaient leur texte devant le micro, et les auditeurs chez eux pouvaient dire les textes des chœurs juste au bon moment, quand les comédiens s’interrompaient.

C’était une idée pour délivrer l’auditeur de son état de simple consommateur. Comme il n’y avait pas encore beaucoup de gens qui avaient un appareil radio, on invitait des amis et des connaissances chez soi le temps de l’émission. Ainsi se créaient de nouvelles salles qui étaient de vrais espaces de communication au lieu que les spectateurs soient parqués dans le noir comme de braves vaches. Naturellement, une chose de ce genre n’avait aucun avenir pour un théâtre qui veut vendre des places. Je trouve moi que c’est une possibilité très intéressante pour combiner théâtre, réseaux sociaux et télévision. Ce ne sont que des propositions faites à la va vite pour montrer qu’on peut trouver dans cette crise quelque opportunité pour rénover l’art théâtral.

Nous pouvons nous estimer heureux d’avoir les «Maisons de la Culture» de Malraux comme ton Espace des Arts. Ce sont des bâtiments qui disposent de plusieurs espaces pour le travail artistique, très différents les uns des autres, tous bien équipés techniquement, et qui peuvent accueillir les groupes les plus divers, les couches de la population les plus variées. Et même pour les temps à venir, quand il y aura de nouveau du théâtre avec un public, mais justement de façon différente, avec forcément d’autres chiffres de fréquentation, des maisons comme la tienne seront plus faciles à transformer pour de nouvelles formes et de nouveaux besoins.

Les grandes institutions qui disposent en première ligne d’une énorme salle et de peu d’autres espaces sont infiniment plus difficiles à utiliser et à transformer. Quelqu’un qui comme moi connaît l’amphithéâtre d’Epidaure, sait combien il serait agréable d’enlever les sièges de la grande salle de l’Espace des Arts et, à condition d’obtenir un bon coussin, de s’assoir sur les marches restantes. On pourrait y faire entrer facilement les fauteuils roulants et pour les gens dans mon genre qui souffrent d’arthrose, ajouter une chaise ne dérangerait personne. Entre cinquante et cent spectateurs pour une soirée théâtrale me paraît le bon chiffre pour en faire une véritable expérience artistique.

La nouvelle Philarmonie à Paris avec ses 2.400 ou 3.600 places assises n’est pas seulement un bâtiment de prestige d’une laideur rare qui a coûté un prix exorbitant, lui aussi assez rare, mais exige du corps d’un mélomane plus qu’il ne peut supporter. Cette architecture affreuse, pseudo-moderne, n’a rien à voir avec une nouvelle façon de faire une expérience musicale, mais a tout à voir avec la masse énorme de places qu’ils ont à vendre. Le mal aux genoux qu’on éprouve à cause de ces rangées de fauteuils pressées les unes contre les autres démolit une symphonie de Brahms plus durablement encore que l’Orchestre de Paris. Même après le Corona, j’espère qu’on donnera son congé à de telles destructions de la culture. J’ai bon espoir, justement maintenant, moi qui suis un homme âgé, vivant seul, qui souffre amèrement comme tout le monde de l’emprisonnement qu’on a ordonné pour me protéger, que cette souffrance conduira à une grand bouleversement dans tous les domaines de la vie.

Que la culture et les arts qui en font partie ne se laisseront plus dicter leur conduite «par ces messieurs rapides des cartels», mais reprendront le chemin vers l’idéal dont avaient rêvé des femmes et des hommes comme Malraux. Une culture pour toutes et tous, c’est-à-dire aussi pour celles et ceux qui travaillent en elle. Une salle de concert pour plus de 3000 spectateurs est l’ennemie de la culture, dans tous les sens qu’on peut donner à cette formulation. La culture ne dépend pas d’événements pour exister, elle naît de la participation de chacun et du travail. Pour la vie culturelle d’un lieu, la durée d’une offre culturelle joue un rôle important. 3.000 spectateurs à un concert qui a lieu un seul soir, ce n’est pas la même chose que 3.000 spectateurs sur dix soirées.

Pour les spectateurs, c’est l’évidence : ce n’est pas pour rien que les aristocrates allaient chercher la musique pour en jouir dans le confort de leurs châteaux. Que signifie pour des musiciens travailler un morceau de musique, que ce soit une création ou une œuvre du répertoire, pour une seule représentation ? C’est une vacherie, et pas seulement sur le plan financier ; ils sont aussi trompés dans leur sentiment de vivre de leur travail.

Je sais que je parle d’argent ; que mes propositions pour la production théâtrale, par l’investissement et le temps de travail qu’elles exigent, provoquent des coûts plus élevés que ce qui est concédé aujourd’hui à l’art théâtral, et en plus, dans l’espoir d’une baisse du prix de vente jusqu’à un niveau insignifiant. Ce qui, indépendamment de tout ce que je propose ici, ne serait que justice. L’Etat ne possède pas d’autre argent que celui qu’il gagne sur notre travail au travers des impôts. C’est avec cet argent qu’il subventionne la culture qui est à notre disposition. Il est difficilement concevable qu’on doive encore lui payer quelque chose pour ce service : montrer notre richesse personnelle en biens culturels. Ce serait bien si les politiciens comprenaient qu’une image ou une représentation théâtrale peuvent devenir une marchandise, mais pas la culture. Lire Malraux ou participer à la vie culturelle pourrait les y aider.

Bien sûr, il faut que le système de répartition de l’argent dans le secteur artistique subventionné soit transformé de fond en comble. Sans être égalitariste : le salaire qu’on gagne ne peut être déterminé par le marché. Le travail théâtral devrait, comme dans d’autres métiers, avoir des prix fixes qui seraient les mêmes pour tous les lieux subventionnés. Il devrait en être ainsi, pour le directeur ou la directrice comme pour l’homme ou la femme de ménage, pour les metteuses en scène comme pour les comédiens, pour les techniciennes comme pour les hommes dans les bureaux. Pour les permanents comme pour les intermittents. Le salaire minimum et les plus hauts cachets ne devraient avoir aucun rapport avec les sommes actuelles. La culture ne peut conquérir une place dans la vie générale de la société que si, dans sa façon de payer les gens, elle tient compte des besoins de cette vie. Un théâtre qui demande plus de travail et plus de temps de travail devrait être une meilleure assurance pour le revenu de chacun qu’un génie personnel dans la négociation salariale ou de bonnes relations avec les fonctionnaires du gouvernement.

Il est important que la pensée propriétaire cesse au théâtre. Dans cette optique, ce serait bien d’avoir un règlement pour la direction des théâtres qui ressemblerait à celui de la Comédie Française : les artistes appelés à diriger un théâtre ne devraient pas travailler ni comme comédiens ni comme metteurs en scène dans leur propre maison. Et le poste de directeur devrait changer suffisamment souvent pour que chaque théâtre et avec lui, son personnel, reste en mouvement. Tant mieux si des artistes sont prêts à diriger un théâtre, mais pour ce qui est de la pensée et de l’organisation, ils devraient toujours rester du côté de celui qui leur donne ce travail : le public. Les metteurs en scène ne font vraiment du bon travail que lorsqu’ils exercent une stimulation ou une résistance à l’entreprise théâtrale. Quand ils font ce qu’ils veulent, ils n’obtiennent que les lauriers de la médiocrité ou deviennent précisément des vendeurs de culture et des fossoyeurs de l’art.

Mais tout ça revient à cette question : jusqu’à quel point la culture et l’art sont des éléments de la richesse d’une société ? Et ce qu’un Etat veut faire et veut payer pour cette richesse.

Il me faut parler de mon passé, car je suis convaincu que ma mémoire pourrait être intéressante pour les temps à venir. Je suis rentré, enfant d’une famille appauvrie qui s’était réfugiée dans une Suisse à l’époque pas encore tellement idyllique, après une pandémie terrible qui avait fait 55 millions de morts et qu’on appelait guerre mondiale, je suis rentré chez moi dans un pays détruit et occupé. Ce pays manquait de tout, sauf de producteurs de culture. Et il ne manquait pas non plus de soif de culture. La guerre avait uni dans la lutte contre la barbarie l’élite de l’art et de la culture européenne, alors qu’elle était dispersée dans le monde entier. Après la guerre, ils ont formé avec ceux sur place qui ne s’étaient pas vendus. Et ils prenaient malheureusement trop de précautions avec les artistes pro-nazis qui avaient poussé à la guerre et croyaient encore pouvoir prétendre à des places privilégiées.

La misère et la soif de justice exigeaient une nourriture que seuls l’art et la culture pouvaient fournir. Certes, les vainqueurs de la guerre, déjà en lutte les uns contre les autres, tentaient, avec du beurre ou des décorations, de convaincre les producteurs de culture de se mettre à leur service ou de passer dans leur camp. Le pouvoir de l’art et de la culture, il s’agissait alors de l’utiliser. La Guerre froide a aussi été menée sur le front culturel. Là où je vivais, on mettait tous les moyens nécessaires à la disposition de l’art, et ses produits, on les rendait accessibles à tous, mais il y avait des conditions, et de plus en plus, des règlements et des interdictions. Pourtant ce groupe qui venait du combat contre la barbarie, et dont étaient issus ceux qui étaient mes modèles et mes professeurs, comme Brecht, Eisler, Anna Seghers, Wolfgang Langhoff mon père, Ernst Bloch et beaucoup d’autres, était difficile à faire plier, et ils restèrent puissants parce qu’on voulait les écouter, et à cause de leur histoire, il fallait bien le faire : c’était des gens dont on avait envie qu’ils nous servent de guides. Et ce qu’ils voulaient ou ce pour quoi ils combattaient les liait avec d’autres ailleurs dans le monde.

Leurs positions fondamentales, ils les avaient exprimées avec Gide, Breton, Jean-Richard Bloch, Aldous Huley, Robert Musil, Egon Erwin Kisch, Tristan Tzara, Hemingway et beaucoup d’autres lors des trois congrès internationaux d’écrivains pour la Défense de la Culture qu’avaient organisé Iliya Ehrenburg et André Malraux dans les Paris, Madrid et Valence des années trente. Malgré toutes les interdictions, leur héritage est devenu une richesse collective, qui certes ne remplaçait pas les bananes qu’on n’avait pas, mais c’était le genre de trésor qui peut rendre heureux pour la vie. Et après tout, c’est le bonheur qui compte.  C’est sous l’influence de ces professeurs que j’ai appris mon travail d’artiste, j’ai appris d’eux qu’on peut être heureux quand on appelle une injustice injustice et qu’on donne une voix aux humiliés. A chaque interdiction, en plus de la douleur, je sentais aussi en moi plus que pouvoir, car les autorités paraissaient aussi me craindre. Et puis avec effroi j’ai vu comment la soif de culture a été refoulée grâce à une meilleure offre en marchandises. J’ai vu comment l’héritage de Brecht, Eisler, Seghers, Zweig, et aussi de mon père, a fini par n’être plus qu’un objet décoratif, un bibelot posé sur le poste de télé.

Quand je vins à Paris pour la première fois en 1971, ce ne sont pas les vitrines rutilantes, pleines à craquer, qui m’impressionnèrent, mais le nombre de gens qui achetait les livres de leurs écrivains préférés, en format de poche, pas cher, chaque vendredi sur les quais de la Seine. Les rames de métro bondées, où il y avait encore une première et une seconde classe, me firent l’impression de salles de bibliothèque roulantes. Les beaux quartiers, que je connaissais à cause du roman d’Aragon, ne m’intéressaient pas mais la vie et les disputes que je voyais éclater à la Sorbonne quand je rendais visite à mon ami Bernard Dort me plurent.

La France aimait sa culture, le coq gaulois était l’oiseau de la beauté ; la culture partagée au sein de son peuple était sa grande richesse. Un jour, buvant une vigoureuse gorgée de vin avec Jack Ralite, un politicien d’une intelligence et d’une largeur d’esprit que je n’avais jamais connue jusqu’alors, je me mis à réciter un poème de Brecht pour les enfants : «Pour les poètes et les penseurs /Vient en Allemagne monsieur l’bourreau / Du soleil, lune, voient pas lueur/Mais d’la bougie de leur cachot.» Ce temps passé à Paris me détourna de l’Allemagne, de l’Est comme de l’Ouest, et m’attira en France, et je pus donc vivre ensuite le déclin de la culture française qui suivit le chemin européen commun jusqu’à la pandémie actuelle.
Les conséquences (…) comme celles de  la destruction de l’environnement, abîmeront sensiblement les valeurs culturelles des peuples. Elles demanderont une nouvelle orientation culturelle et la réappropriation de façons de vivre oubliées. Sans doute allons-nous bientôt devoir porter un masque pour sortir dans la rue. Ce que cela signifie pour notre vie, et donc pour notre culture, je ne veux même pas me le représenter. Ne me vient pour l’instant à l’esprit qu’une seule réponse, la pire : on s’y habituera. Et que signifie alors la phrase d’Heiner Müller : «La mort est le masque de la révolution. La révolution est le masque de la mort.»

C’est un cauchemar de penser que les mesures prises pour lutter contre cette pandémie constituent un exercice pour l’avenir. Le déplacement du travail vers l’espace domestique par la mise en réseaux, l’approvisionnement entre les mains d’Amazon & co, la convivialité et la communication via WhatsApp, la culture et l’information réchauffées dans les tubes télévisés. La beauté de voir les rues sans automobiles et de respirer de l’air propre dans les villes ne va pas sans l’interdiction d’exprimer sa mauvaise humeur dans la rue. Ce qui était Polis ou communauté, devient réseau.

Cher Nico, permets moi de revenir à cette idée encore une fois : du théâtre pour cinquante, ou au maximum cent spectateurs, dispersés dans ta grande salle, bien installés, à leur aise. Pour toi, sûrement une source d’effroi, pour moi, un espoir.

Depuis quatre semaines, seul chez moi, je pense à ce qui me manque et pourquoi. Etrangement, bien que je n’y aille presque jamais, je pense au parc des Buttes-Chaumont qui se trouve dans mon quartier et à présent fermé au public. Pourquoi me manque-t-il, puisque je n’y vais pour ainsi dire jamais ? Il me manque parce que je sens qu’il fait partie de ma vie et que je ne peux pas imaginer vivre ici dans le dix-neuvième arrondissement de Paris sans ce parc. Mon environnement sans lui serait une sorte de prison en plein air. Un parc est un lieu idéal de rencontre avec la nature, avec d’autres êtres humains et des chiens. On n’est pas seul dans un parc, mais ce n’est pas non plus le lieu des grands rassemblements. On va se promener, on lit un livre, on prend le soleil, on fait du jogging ou on respire le parfum d’une fleur. On le traverse à la hâte parce que c’est un raccourci. Il y a des aires de jeu pour les enfants, on peut les regarder jouer – on peut aussi s’éloigner d’eux parce qu’on veut être tranquille. On s’énerve dès que quelqu’un fait du bruit. On a des pensées claires et des pensées sombres. On n’a pas besoin de masses de gens qui font la même expérience du parc que soi. On peut y faire l’expérience des relations les plus diverses à la nature, à la vie et à soi-même. On se demande pourquoi on a donné telle forme à la nature, pourquoi elle ne pousse pas comme elle veut. Si on a de la chance, le parc peut réveiller l’envie de la forêt et des grands espaces et de la mer.

La visite au parc est gratuite, mais maintenir le parc en bon état dévore beaucoup de travail et d’argent. Et ça ne dérange personne, car un parc -c’est évident sans faire le moindre calcul des coûts et des profits- fait partie de notre vie, de notre richesse, et on ne peut imaginer s’en passer. Et ce n’est pas vrai que ça ne dérange personne. Les réfugiés qui viennent chez nous pour fuir la misère et la boue et auxquels il est interdit de se construire un abri dans le parc, ça les dérange. Justement c’est notre parc et j’ai honte de ce « notre parc ». Mais quand même, je rêve d’un théâtre qui appartiendrait à la vie comme un parc. Un théâtre dont ceux qui cherchent refuge auraient aussi droit de me chasser si on ne leur offre rien de mieux.

Je trouve que nous pouvons beaucoup demander, mais que par notre talent il nous faut donner la preuve que nous le valons bien. Et peut-être pourra-t-on en arriver à un dialogue avec nos supérieurs où on ne parlera pas que de chiffres et d’argent.

Cher Nico, je ne te salue pas comme le brave soldat Schweyk qui, au moment de prendre congé, disait toujours : «Alors, on dit après la guerre à cinq heures et demie au Café du Calice». Je choisis plutôt, en guise d’adieu, une ligne d’un poème de Hölderlin qui commence par : « Viens ! Vers l’ouvert, ami !». Et plus loin dit : «Car ce n’est pas au Puissant mais à la Vie qu’appartient / Ce que nous voulons, et qui semble convenable et joyeux à la fois.»

Matthias

P. S.

Je vais demander à Irène [ Bonnaud ] de vite traduire cette lettre, car j’aimerais l’envoyer à d’autres amis et ennemis : peut-être qu’à plusieurs, on peut faire bouger quelque chose dans cette époque de plomb. Le premier signe printanier d’un tournant dans la pensée, je l’ai vu dans l’assurance que tout est fait pour nous protéger, nous autres les vieux. Et que la solidarité avec nous est chose acquise. C’est déjà quelque chose. Après tout, on pourrait pu aussi nous supprimer pour raisons économiques. Le slogan de toutes les dictatures, « tout pour notre jeunesse», paraît ne plus être à l’ordre du jour. Peut-être qu’à l’avenir nous autres les vieux trouverons à nouveau une place au théâtre. Notre contribution pourrait être l’expérience, et la générosité sans laquelle il n’y a pas d’art.

Commentaire à cette lettre

En relisant ma lettre adressée à Nicolas Royer, j’ai ressenti un vieux sentiment d’impuissance qui m’est familier. Ce qu’il y a d’imprécis et d’utopique dans mon écriture, réclame des conseils afin qu’à cette pensée née d’une époque plombée, soit donnée une structure, pour qu’elle puisse devenir guide pour une action pratique. Car l’heure qui s’écoule sur le cadran solaire, double souverain de la vie et de la mort, n’exige rien d’autre. Je sais que, de mes maîtres morts, dont j’ai toujours suivi les conseils, je n’entends plus qu’une chose désormais : « Nous avons fait de notre mieux » Ou alors : « Si tu veux en savoir plus, viens nous rejoindre ».

Plutôt que de suivre ce conseil bien intentionné, je préfère repenser la tâche à laquelle ils s‘étaient attelés et qu’ils nous ont demandé de poursuivre. Brecht a formulé cette mission dans le livret de son opéra La Décision:  « Ändere die Welt, sie braucht es ».  (Change le monde, il en a besoin ». Ma lettre concerne cette exigence de base. Quand je suis obligé de regarder à la télévision les événements du monde dominé par le virus, la première chose que j’entends est le retour bientôt possible à notre vie d’avant. Ce discours est sourd et aveugle.

Après avoir si longtemps refusé de voir et d’éviter les conséquences annoncées de la destruction de l’environnement, on pense maintenant vaincre cette pandémie pour que tout continue comme avant. On dit aussi que nous avons eu des épidémies virales de plus en plus fréquentes au cours des dernières décennies, ce qui a conduit à la pandémie Corona. Et d’expérience, on peut prévoir que la lutte contre le Covid-19 prépare le terrain pour l’apparition d’un prochain virus plus terrible encore. Destruction de l’environnement, pandémie, faim et misère, guerres et asservissement sous le dogme de l’enrichissement, est un ensemble de choses qui se nourrissent les unes les autres jusqu’à arriver à une catastrophe finale.

Cette catastrophe, qui s’approche déjà à grande vitesse, se montre au grand jour dans le spectacle grotesque d’un imbécile, laid et d’une pathologie avérée, qui, en pleine pandémie, ampute l’Organisation Mondiale de la Santé des 400 millions de dollars de contribution américaine et regarde le monde malade, d’un air dégoûté mais sans rien faire. Je suis convaincu que seul, un changement radical de notre mode de vie peut nous sauver. Dans ce contexte de mort, l’art doit maintenir vivant le rêve d’un monde de justice. C’est ce dont je veux parler dans ma lettre, et c’est pour ce rêve, mes amis, que j’espère votre aide. Il est de notre devoir de ne pas permettre un « trop tard ». Il est aussi temps de relire Le Théâtre et la peste d’Artaud… »


Réponse de Nicolas Royer à la lettre de Matthias Langhoff

De la promesse à la persévérance

« Le 18 avril 2020, je recevais une lettre du metteur en scène Matthias Langhoff. Je partage avec vous, cher public, ma réponse. Il y a alors quatre semaines que nous avons fermé les portes de l’Espace des Arts et que nous avons dû prendre la décision d’annuler tous les spectacles de la saison pour cause de pandémie.

Je reçois ta lettre, onze longs feuillets que tu as écrits dans la langue qui t’est la plus familière, l’allemand, et que je fais aussitôt traduire par Irène Bonnaud, une metteuse en scène que tu connais bien, elle-même confinée en Grèce où ses travaux sur l’histoire grecque contemporaine la font régulièrement se rendre.

Dans une autre lettre -il faut croire que c’est une forme où la pensée se sent à son aise- Franz Kafka écrivait à son ami Oskar Pollak que, si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, il était inutile de le lire. Et un peu plus loin (« comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes » !), qu’un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous.
Ta lettre, Matthias, a cette puissance-là. Et j’hésite encore à cette heure matinale entre le coup de poing et le coup de de hache…

Que dit cette lettre, pourtant bienveillante mais intranquille ? Elle dit, de la hauteur d’un maître de théâtre qui a passé le siècle dans l’intimité des auteurs et des philosophes, qui a porté à la scène Euripide et Sophocle, Brecht et Goethe, Shakespeare, Tchekhov, Ostrovski, Büchner et Heiner Müller, que nous ne devons pas reprendre le monde là où nous l’avons laissé.
Qu’avant de gagner ces forêts intérieures dont parle Kafka, nous ne vivions pas au paradis. Que cette peste qui aujourd’hui nous accable, qui révèle la laideur stupide des uns tout comme les promesses lumineuses des autres, doit être un socle avec lequel fendre l’avenir.

Dans l’une de tes mises en scènes, Le Désir sous les Ormes d’Eugene O’Neill, tu montrais un cheval – un vrai cheval de labour et de labeur – attelé à une charrue qui ouvrait littéralement la terre du plateau pour qu’on y ensemence les récoltes futures. Il y était déjà question de terre promise d’une lointaine Californie où il suffirait de se baisser pour ramasser des pépites d’or…C’est de ce théâtre-là dont nous avons demain besoin.

Quandj’ai reçu ta lettre qui a l’intimité amicale d’un texte adressé à celui qui entend modestement être au service des artistes et du public, et la puissance d’un manifeste politique et poétique qu’il ne faut pas garder pour soi seul, nous travaillions déjà, avec quelques-uns non résignés, à rompre l’isolement artistique qui nous paralyse. Parce que la sidération n’est pas d’une grande fertilité, nous avions décidé de jouer, coûte que coûte et plus que jamais pour le public.

Léna Bréban, metteuse en scène associée à l’Espace des Arts nous a proposé le projet d’un cabaret joué devant le balcon des E.P.H.A.D devant les fenêtres des cités HLM. Je sais que nous parviendrons à le réaliser dans les semaines à venir. Un cabaret où l’on chantera et où l’on fera chanter, que la vie peut-être en rose et que l’on peut encore danser au petit bal perdu, que l’on ait vingt ans ou que l’on en ait cent: accueillir le public, c’est aussi aller au-devant du public. Partout où la parole peut poser un tréteau  -hier ceux de Copeau, ceux de Vitez– il peut y avoir théâtre.
Il faut réapprendre à jouer pour chacun. Nous saurons ensuite jouer pour tous. Faire entendre le théâtre comme on ferait entendre de la musique de chambre, dans l’intimité de l’humain, dans la proximité attentive de l’humain. Et il n’est pas dit que ce théâtre de résistance  -à l’ennui, à l’isolement, à l’apesanteur léthargique du moment- ne soit ensuite un modèle permettant d’explorer de nouveaux chemins.
Bertolt Brecht, auquel tu te réfères ici -on sait la place que le Berliner Ensemble et la Volksbühne ont tenu dans ta vie d’artiste –, avait imaginé avec une lucidité visionnaire pouvoir redonner au public, grâce à la radio, le rôle autrefois dévolu au chœur dans le théâtre antique. Texte en main, l’auditeur se voyait proposer de lire, donnant en quelque sorte la réplique aux comédiens professionnels qu’il écoutait sur les ondes, la partie de texte qu’Eschyle, Euripide ou Sophocle, avaient imaginé pour le chœur. À peine avais-je rendu publique ta lettre sur le site de Médiapart – ce dont tu étais d’accord -que Charles Berling, Directeur du Théâtre Liberté à Toulon m’appelait. Dans le sillage de tes réflexions, nous avons aussitôt décidé de nous associer pour commander à des auteurs contemporains, des textes permettant d’utiliser, on dirait presque détourner, tant l’usage qui en est trop souvent fait est éloigné des questions de sens, les écrans numériques pour y inoculer une contamination citoyenne, solidaire et salutaire.

La période de confinement a suscité de la part des créateurs un grand nombre d’initiatives pour contourner l’impossibilité du « jouer ensemble ». Ce qui vaut pour les musiciens d’orchestres classiques, les formations jazz, la musique pop-rock, vaut également pour les comédiens. Mais il semble possible de développer à cet endroit des propositions qui dépassent le « faute de mieux » et utilisent pleinement les potentialités d’un médium qui, pour reprendre les mots de Mac Luhan, a transformé le monde en village. On aimerait que ce soit pour le meilleur et pas seulement pour le pire. Sur cette place de village numérique, prenons la parole, reconstruisons nos amphithéâtres d’Epidaure.

À peine avais-je raccroché avec Charles Berling, que je recevais de Cyril Teste, metteur en scène du collectif MxM, ces quelques mots que lui avait inspirés la lecture de ta lettre ! « Nous fermons nos théâtres et les paysans continuent de labourer la terre pour que nous puissions manger demain. Labourer et élaborer. Nous devons écrire un manifeste pour reprendre nos terres pour labourer de nouveau. L’heure de la récolte n’est pas encore de mise certes, mais cela ne nous empêche pas de préparer la terre, ça s’appelle la rotation des cultures. Réhabiter nos Théâtres, comme autant de terres en friches, pour y travailler à nouveau. Nos théâtres vides, qui n’attendent que nous pour être habités et ne peuvent se résoudre à vibrer avec les fantômes du monde passé, élaborer simplement l’avenir et ne pas attendre comme des enfants qu’un seul représentant de l’État nous dicte nos règles. Proposons un manifeste d’élaboration et que le théâtre redevienne avant tout une démarche citoyenne. »

Ta lettre, Matthias, nous est une brassée de genêts qui vient alimenter le feu de notre campement de fortune. Elle nous invite à penser plus loin, plus large, plus grand. Là où est le péril, là est aussi le salut. Il faut poser l’espérance en principe. Cela aussi est une belle promesse. »

Nicolas Royer

Correspondance entre Matthias Langhoff, metteur en scène franco-allemand

et Nicolas Royer, directeur de l’Espace des Arts, scène nationale Chalon-sur-Saône

Lettre de Matthias Langhoff à Nicolas Royer

« Mon cher Nico,

Quand tu m’as montré en février ton nouveau foyer, l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, une des dernières «Maisons de la Culture» construite selon la conception d’André Malraux – tu étais fier de la réussite des travaux de rénovation, des nombreuses scènes, des autres espaces susceptibles d’accueillir du public, des surfaces d’exposition – je t’ai demandé si tu avais aussi suffisamment d’argent pour faire vivre cette maison. «Bien sûr que non», m’as-tu répondu avec un sourire triste. J’ai senti la colère monter en moi.

Le cadavre de Malraux a été enterré au Panthéon et avec lui, semble-t-il, sa grande idée, une vie culturelle pour tous. Il  n’avait pas peur de l’idée d’une «politique culturelle» et y voyait, soutenu par de Gaulle, une des tâches centrales d’un gouvernement français. La Maison de la Culture de Chalon, qui, à vrai dire, avait été pensée pour Dijon mais n’avait pas reçu l’approbation du maire-chanoine et inventeur d’apéritif Félix Kir qui y voyait une «idée communiste», est un exemple judicieux pour juger de la politique culturelle actuelle qui n’a rien de commun avec l’héritage de Malraux.

Car la politique qu’on pratique aujourd’hui, sans conscience et fondée sur des impératifs économiques, mène aussi à une politique anti-culturelle. La rénovation généreuse du bâtiment et ici, pour une fois, réussie, ce qui n’arrive pas si souvent, accroît sa valeur immobilière pour son propriétaire, indépendamment des revenus liés à son utilisation. Le propriétaire attend néanmoins de ces revenus qu’ils soient les plus hauts possibles pour des coûts de production réduits. C’est cette règle du jeu qu’on appelle «liberté artistique» : elle repose sur le postulat que le robinet puisse aussi être définitivement fermé. Pour l’Etat français actuel, la politique culturelle, c’est du sponsoring, pas une artère vitale à la nation et à sa population.

Après t’avoir promis d’écrire quelque chose sur un possible usage de l’Espace des Arts au sens de Malraux et sur le mépris de cet héritage par les gens chargés aujourd’hui d’en administrer la succession, l’envie m’est passée d’écrire en pensant que mes destinataires, dans tout ce qu’on peut coucher sur le papier, ne cherchent que les chiffres et surtout les chiffres derrière lesquels il y a le signe: €. Car c’est bien ainsi que se comprend le diktat de la liberté artistique.

Et puis notre façon de produire et de consumer, bien trop négligente, ainsi qu’une démocratie qui n’est qu’obligation à l’enrichissement matériel, nous ont fait cadeau du Corona virus dont nous ne pouvons pas encore évaluer les conséquences, mais elles seront énormes. Je ne fais pas partie de ceux qui croient qu’après la crise, une reconstruction grandiose, avec masques sur le visage – la Burka peut se vanter d’avoir été là une précurseuse – arrangera tout et mieux qu’avant. Je fais partie de ceux qui sont convaincus qu’une transformation radicale de notre vie est nécessaire pour sortir, sur le long terme, de cette situation misérable. Le capitalisme dans sa forme libérale a fait son temps. Il n’en ira pas ainsi de l’élimination du capitalisme; il ne peut mourir que de lui-même, pour ainsi dire de mort naturelle. Justice, profit, morale, progrès, culture : autant de notions qu’il nous faut évaluer et manier de façon nouvelle.

En ce qui concerne le théâtre, je ne crois pas être trop grand pessimiste quand je suppose que les scènes ne seront plus accessibles à un public de masse jusqu’à la fin de cette année. Si elles étaient rendues accessibles, on peut se demander pour combien de spectateurs, et à quelle distance les uns des autres, cette ouverture resterait justifiable économiquement. La question se pose aussi de qui fréquentera encore les théâtres si cette fréquentation est liée à des risques pour la santé. La disparition de ce qu’on appelait administrativement jadis «spectacle vivant» signifie une catastrophe économique pour un nombre monstrueux de gens, et pour longtemps. Je ne parle pas seulement des artistes mais aussi des techniciens, constructeurs de décors, couturières, personnel des entreprises de nettoyage et  beaucoup d’autres… Parce que tous ces salariés sont chez nous, à une écrasante majorité, des salariés indépendants ou précaires, ils ne sont pas syndiqués et sont sans filet de sécurité.

Pourtant, il y a bien dans cette crise, que nous appelons encore «crise du Corona» au lieu de l’appeler crise du système, une opportunité. Qu’il ne puisse y avoir de représentations publiques ne signifie pas qu’on ne puisse produire dans les lieux de représentations – la seule chose qui s’y oppose, pour l’industrie culturelle publique, c’est le virus AVP (Achat-Vente-Profit).

On dit que toutes les mesures prises en ce moment, le sont surtout pour protéger les gens âgés dont je fais partie, car ils seraient les plus menacés par le virus. C’est grotesque, nous les vieux serons au contraire les moins touchés par les conséquences de la crise. Nous ou moi, vivons de petites retraites et avons été depuis longtemps exclus du processus productif. C’est pourquoi je sens qu’il est de mon devoir de dispenser des conseils. Aujourd’hui les artistes qui dirigent les théâtres ne sont plus des hommes d’Etat, plutôt des propriétaires à durée déterminée, alors les retraités, je pense, peuvent se conduire à nouveau comme des hommes d’Etat. Taper sur les nerfs de tout le monde avec leurs discours est le mieux qu’ils puissent faire.

Mais assez de justifications. J’écris pour demander à l’Etat un programme d’aide d’urgence jusqu’à fin de la saison 2020-21, à effet immédiat et sous conditions précises. A savoir un programme qui mise sur un travail culturel subventionné et même payé par l’Etat, et non sur sa vente. Quand, dans ce qui suit, je parle de théâtre, je suis bien conscient que ces réflexions concernent tous les arts qu’on rassemble sous le terme «spectacle vivant». Je dis théâtre parce que c’était et c’est toujours mon espace de travail.

Ce programme d’aide d’urgence devrait soutenir des essais (Versuche), c’est-à-dire des expérimentations, pour inciter l’art théâtral à développer une autre relation à son public et à son environnement. Je pense à des tentatives d’utiliser le théâtre pour des recherches scientifiques ou sociales ou dans le domaine de l’action sociale. Par exemple, jouer des tragédies grecques en cuisinant un repas pour des personnes démunies, avec le partage de la nourriture que cela implique. Le tout serait filmé comme contribution à l’art culinaire. Peut-être que des criminologues pourraient aussi utiliser le théâtre pour remettre d’aplomb la justice ?

En développant des formes ambulantes, on pourrait apporter le grand art dans les endroits les plus reculés. Je pense au travail pionnier de François Chattot et de sa compagnie Service Public, à son camion d’alimentation transformé en théâtre. Le camion s’arrêtait dans les plus petits villages et y restait plusieurs jours. L’entrée était gratuite ; les costumes, les accessoires et les bancs pour les spectateurs pouvaient être transportés dans le camion. On ne jouait pas tous les jours. Il y avait des représentations pour les enfants. Et des soirs où les villageois prenaient part au jeu.

Quand la merveilleuse administratrice de compagnies, Véronique Appel, s’est lancée à l’assaut de nouveaux rivages et a appris un métier de rêve pour un artiste, la boulangerie, il lui a fallu faire cette expérience : une femme au-dessus de cinquante ans en France ne trouve pas de travail dans un nouveau métier.

Chattot a alors proposé d’acheter un four pour son camion et d’aller avec Véronique dans les villages qui n’ont plus de boulangerie. Comme le pain de Véronique aurait été un geste artistique, il n’aurait pas eu de prix de vente et aurait donc pu être cuit en respectant les traditions et être de la meilleure qualité possible. C’était un pas pour se réapproprier la culture. Le pas ne s’est pas fait, le Ministère a refusé la subvention.

Une autre direction possible, ce sont les essais qui visent, à partir du théâtre, à se tourner vers la caméra. Je ne parle pas des captations de spectacles et de leur façon de tout aplatir ou de détruire le travail, mais d’un autre langage formel, d’un ciné-théâtre. Capable de délivrer les images du carcan de l’authenticité et de leur accorder plus de profondeur spirituelle. On trouve des exemples de ce que je veux dire, de façon impressionnante, dans le Casanova de Fellini. Ce film est du pur théâtre, dont l’espace devient image de cinéma. Fellini a construit sa scène dans les studios de Cinecittà à Rome. La mer de plastique fouettée par les vents que Donald Sutherland traverse avec la dernière énergie, est une séquence inoubliable qui utilise la tradition et les techniques du décor de théâtre. Fellini montre dans ce film, plus que tous les festivals, Avignon inclus, le plaisir que peut procurer le théâtre.

Le Ministère de la Culture pourrait aménager un endroit sur les réseaux où montrer toutes les activités qu’il subventionnerait et demanderait aux artistes, autant qu’elles seraient filmées. Ainsi le public serait sans cesse informé de ce pour quoi on dépense son argent.

Pendant cette crise du Corona, nous sommes obligés de vivre devant des écrans de télévision ou d’ordinateur. Je me rends compte avec surprise du peu de matériel nécessaire (la caméra d’un ordinateur personnel paraît suffire) pour réunir des gens devant un écran. Qu’ils forment un public ou un cercle de discussion.

A la fin des années vingt du siècle passé commença le règne de la radio. L’appareil au début ne suffisait pas, l’abonné devait aussi s’abonner à la station émettrice. Le jeune Brecht fit des essais, des expériences, avec cette nouvelle technique. Il écrivit une série de pièces chorales appelées «pièces didactiques» (Lehrstücke), qui, par un jeu en commun, devaient amener professionnels du théâtre et public à un apprentissage mutuel, à une expérience commune. Ces pièces étaient construites selon le schéma de la tragédie grecque dont la fréquentation dans l’antiquité était devoir de citoyen. Dans la proposition de Brecht pour la radio, les comédiens professionnels devaient travailler un morceau du texte sans le chœur comme s’il s’agissait d’une pièce radiophonique, et les textes du chœur, sans le reste, devaient être envoyés aux abonnés de la station, si bien que le soir du direct, les comédiens disaient leur texte devant le micro, et les auditeurs chez eux pouvaient dire les textes des chœurs juste au bon moment, quand les comédiens s’interrompaient.

C’était une idée pour délivrer l’auditeur de son état de simple consommateur. Comme il n’y avait pas encore beaucoup de gens qui avaient un appareil radio, on invitait des amis et des connaissances chez soi le temps de l’émission. Ainsi se créaient de nouvelles salles qui étaient de vrais espaces de communication au lieu que les spectateurs soient parqués dans le noir comme de braves vaches. Naturellement, une chose de ce genre n’avait aucun avenir pour un théâtre qui veut vendre des places. Je trouve moi que c’est une possibilité très intéressante pour combiner théâtre, réseaux sociaux et télévision. Ce ne sont que des propositions faites à la va vite pour montrer qu’on peut trouver dans cette crise quelque opportunité pour rénover l’art théâtral.

Nous pouvons nous estimer heureux d’avoir les «Maisons de la Culture» de Malraux comme ton Espace des Arts. Ce sont des bâtiments qui disposent de plusieurs espaces pour le travail artistique, très différents les uns des autres, tous bien équipés techniquement, et qui peuvent accueillir les groupes les plus divers, les couches de la population les plus variées. Et même pour les temps à venir, quand il y aura de nouveau du théâtre avec un public, mais justement de façon différente, avec forcément d’autres chiffres de fréquentation, des maisons comme la tienne seront plus faciles à transformer pour de nouvelles formes et de nouveaux besoins.

Les grandes institutions qui disposent en première ligne d’une énorme salle et de peu d’autres espaces sont infiniment plus difficiles à utiliser et à transformer. Quelqu’un qui comme moi connaît l’amphithéâtre d’Epidaure, sait combien il serait agréable d’enlever les sièges de la grande salle de l’Espace des Arts et, à condition d’obtenir un bon coussin, de s’assoir sur les marches restantes. On pourrait y faire entrer facilement les fauteuils roulants et pour les gens dans mon genre qui souffrent d’arthrose, ajouter une chaise ne dérangerait personne. Entre cinquante et cent spectateurs pour une soirée théâtrale me paraît le bon chiffre pour en faire une véritable expérience artistique.

La nouvelle Philarmonie à Paris avec ses 2.400 ou 3.600 places assises n’est pas seulement un bâtiment de prestige d’une laideur rare qui a coûté un prix exorbitant, lui aussi assez rare, mais exige du corps d’un mélomane plus qu’il ne peut supporter. Cette architecture affreuse, pseudo-moderne, n’a rien à voir avec une nouvelle façon de faire une expérience musicale, mais a tout à voir avec la masse énorme de places qu’ils ont à vendre. Le mal aux genoux qu’on éprouve à cause de ces rangées de fauteuils pressées les unes contre les autres démolit une symphonie de Brahms plus durablement encore que l’Orchestre de Paris. Même après le Corona, j’espère qu’on donnera son congé à de telles destructions de la culture. J’ai bon espoir, justement maintenant, moi qui suis un homme âgé, vivant seul, qui souffre amèrement comme tout le monde de l’emprisonnement qu’on a ordonné pour me protéger, que cette souffrance conduira à une grand bouleversement dans tous les domaines de la vie.

Que la culture et les arts qui en font partie ne se laisseront plus dicter leur conduite «par ces messieurs rapides des cartels», mais reprendront le chemin vers l’idéal dont avaient rêvé des femmes et des hommes comme Malraux. Une culture pour toutes et tous, c’est-à-dire aussi pour celles et ceux qui travaillent en elle. Une salle de concert pour plus de 3000 spectateurs est l’ennemie de la culture, dans tous les sens qu’on peut donner à cette formulation. La culture ne dépend pas d’événements pour exister, elle naît de la participation de chacun et du travail. Pour la vie culturelle d’un lieu, la durée d’une offre culturelle joue un rôle important. 3.000 spectateurs à un concert qui a lieu un seul soir, ce n’est pas la même chose que 3.000 spectateurs sur dix soirées.

Pour les spectateurs, c’est l’évidence : ce n’est pas pour rien que les aristocrates allaient chercher la musique pour en jouir dans le confort de leurs châteaux. Que signifie pour des musiciens travailler un morceau de musique, que ce soit une création ou une œuvre du répertoire, pour une seule représentation ? C’est une vacherie, et pas seulement sur le plan financier ; ils sont aussi trompés dans leur sentiment de vivre de leur travail.

Je sais que je parle d’argent ; que mes propositions pour la production théâtrale, par l’investissement et le temps de travail qu’elles exigent, provoquent des coûts plus élevés que ce qui est concédé aujourd’hui à l’art théâtral, et en plus, dans l’espoir d’une baisse du prix de vente jusqu’à un niveau insignifiant. Ce qui, indépendamment de tout ce que je propose ici, ne serait que justice. L’Etat ne possède pas d’autre argent que celui qu’il gagne sur notre travail au travers des impôts. C’est avec cet argent qu’il subventionne la culture qui est à notre disposition. Il est difficilement concevable qu’on doive encore lui payer quelque chose pour ce service : montrer notre richesse personnelle en biens culturels. Ce serait bien si les politiciens comprenaient qu’une image ou une représentation théâtrale peuvent devenir une marchandise, mais pas la culture. Lire Malraux ou participer à la vie culturelle pourrait les y aider.

Bien sûr, il faut que le système de répartition de l’argent dans le secteur artistique subventionné soit transformé de fond en comble. Sans être égalitariste : le salaire qu’on gagne ne peut être déterminé par le marché. Le travail théâtral devrait, comme dans d’autres métiers, avoir des prix fixes qui seraient les mêmes pour tous les lieux subventionnés. Il devrait en être ainsi, pour le directeur ou la directrice comme pour l’homme ou la femme de ménage, pour les metteuses en scène comme pour les comédiens, pour les techniciennes comme pour les hommes dans les bureaux. Pour les permanents comme pour les intermittents. Le salaire minimum et les plus hauts cachets ne devraient avoir aucun rapport avec les sommes actuelles. La culture ne peut conquérir une place dans la vie générale de la société que si, dans sa façon de payer les gens, elle tient compte des besoins de cette vie. Un théâtre qui demande plus de travail et plus de temps de travail devrait être une meilleure assurance pour le revenu de chacun qu’un génie personnel dans la négociation salariale ou de bonnes relations avec les fonctionnaires du gouvernement.

Il est important que la pensée propriétaire cesse au théâtre. Dans cette optique, ce serait bien d’avoir un règlement pour la direction des théâtres qui ressemblerait à celui de la Comédie Française : les artistes appelés à diriger un théâtre ne devraient pas travailler ni comme comédiens ni comme metteurs en scène dans leur propre maison. Et le poste de directeur devrait changer suffisamment souvent pour que chaque théâtre et avec lui, son personnel, reste en mouvement. Tant mieux si des artistes sont prêts à diriger un théâtre, mais pour ce qui est de la pensée et de l’organisation, ils devraient toujours rester du côté de celui qui leur donne ce travail : le public. Les metteurs en scène ne font vraiment du bon travail que lorsqu’ils exercent une stimulation ou une résistance à l’entreprise théâtrale. Quand ils font ce qu’ils veulent, ils n’obtiennent que les lauriers de la médiocrité ou deviennent précisément des vendeurs de culture et des fossoyeurs de l’art.

Mais tout ça revient à cette question : jusqu’à quel point la culture et l’art sont des éléments de la richesse d’une société ? Et ce qu’un Etat veut faire et veut payer pour cette richesse.

Il me faut parler de mon passé, car je suis convaincu que ma mémoire pourrait être intéressante pour les temps à venir. Je suis rentré, enfant d’une famille appauvrie qui s’était réfugiée dans une Suisse à l’époque pas encore tellement idyllique, après une pandémie terrible qui avait fait 55 millions de morts et qu’on appelait guerre mondiale, je suis rentré chez moi dans un pays détruit et occupé. Ce pays manquait de tout, sauf de producteurs de culture. Et il ne manquait pas non plus de soif de culture. La guerre avait uni dans la lutte contre la barbarie l’élite de l’art et de la culture européenne, alors qu’elle était dispersée dans le monde entier. Après la guerre, ils ont formé avec ceux sur place qui ne s’étaient pas vendus. Et ils prenaient malheureusement trop de précautions avec les artistes pro-nazis qui avaient poussé à la guerre et croyaient encore pouvoir prétendre à des places privilégiées.

La misère et la soif de justice exigeaient une nourriture que seuls l’art et la culture pouvaient fournir. Certes, les vainqueurs de la guerre, déjà en lutte les uns contre les autres, tentaient, avec du beurre ou des décorations, de convaincre les producteurs de culture de se mettre à leur service ou de passer dans leur camp. Le pouvoir de l’art et de la culture, il s’agissait alors de l’utiliser. La Guerre froide a aussi été menée sur le front culturel. Là où je vivais, on mettait tous les moyens nécessaires à la disposition de l’art, et ses produits, on les rendait accessibles à tous, mais il y avait des conditions, et de plus en plus, des règlements et des interdictions. Pourtant ce groupe qui venait du combat contre la barbarie, et dont étaient issus ceux qui étaient mes modèles et mes professeurs, comme Brecht, Eisler, Anna Seghers, Wolfgang Langhoff mon père, Ernst Bloch et beaucoup d’autres, était difficile à faire plier, et ils restèrent puissants parce qu’on voulait les écouter, et à cause de leur histoire, il fallait bien le faire : c’était des gens dont on avait envie qu’ils nous servent de guides. Et ce qu’ils voulaient ou ce pour quoi ils combattaient les liait avec d’autres ailleurs dans le monde.

Leurs positions fondamentales, ils les avaient exprimées avec Gide, Breton, Jean-Richard Bloch, Aldous Huley, Robert Musil, Egon Erwin Kisch, Tristan Tzara, Hemingway et beaucoup d’autres lors des trois congrès internationaux d’écrivains pour la Défense de la Culture qu’avaient organisé Iliya Ehrenburg et André Malraux dans les Paris, Madrid et Valence des années trente. Malgré toutes les interdictions, leur héritage est devenu une richesse collective, qui certes ne remplaçait pas les bananes qu’on n’avait pas, mais c’était le genre de trésor qui peut rendre heureux pour la vie. Et après tout, c’est le bonheur qui compte.  C’est sous l’influence de ces professeurs que j’ai appris mon travail d’artiste, j’ai appris d’eux qu’on peut être heureux quand on appelle une injustice injustice et qu’on donne une voix aux humiliés. A chaque interdiction, en plus de la douleur, je sentais aussi en moi plus que pouvoir, car les autorités paraissaient aussi me craindre. Et puis avec effroi j’ai vu comment la soif de culture a été refoulée grâce à une meilleure offre en marchandises. J’ai vu comment l’héritage de Brecht, Eisler, Seghers, Zweig, et aussi de mon père, a fini par n’être plus qu’un objet décoratif, un bibelot posé sur le poste de télé.

Quand je vins à Paris pour la première fois en 1971, ce ne sont pas les vitrines rutilantes, pleines à craquer, qui m’impressionnèrent, mais le nombre de gens qui achetait les livres de leurs écrivains préférés, en format de poche, pas cher, chaque vendredi sur les quais de la Seine. Les rames de métro bondées, où il y avait encore une première et une seconde classe, me firent l’impression de salles de bibliothèque roulantes. Les beaux quartiers, que je connaissais à cause du roman d’Aragon, ne m’intéressaient pas mais la vie et les disputes que je voyais éclater à la Sorbonne quand je rendais visite à mon ami Bernard Dort me plurent.

La France aimait sa culture, le coq gaulois était l’oiseau de la beauté ; la culture partagée au sein de son peuple était sa grande richesse. Un jour, buvant une vigoureuse gorgée de vin avec Jack Ralite, un politicien d’une intelligence et d’une largeur d’esprit que je n’avais jamais connue jusqu’alors, je me mis à réciter un poème de Brecht pour les enfants : «Pour les poètes et les penseurs /Vient en Allemagne monsieur l’bourreau / Du soleil, lune, voient pas lueur/Mais d’la bougie de leur cachot.» Ce temps passé à Paris me détourna de l’Allemagne, de l’Est comme de l’Ouest, et m’attira en France, et je pus donc vivre ensuite le déclin de la culture française qui suivit le chemin européen commun jusqu’à la pandémie actuelle.
Les conséquences (…) comme celles de  la destruction de l’environnement, abîmeront sensiblement les valeurs culturelles des peuples. Elles demanderont une nouvelle orientation culturelle et la réappropriation de façons de vivre oubliées. Sans doute allons-nous bientôt devoir porter un masque pour sortir dans la rue. Ce que cela signifie pour notre vie, et donc pour notre culture, je ne veux même pas me le représenter. Ne me vient pour l’instant à l’esprit qu’une seule réponse, la pire : on s’y habituera. Et que signifie alors la phrase d’Heiner Müller : «La mort est le masque de la révolution. La révolution est le masque de la mort.»

C’est un cauchemar de penser que les mesures prises pour lutter contre cette pandémie constituent un exercice pour l’avenir. Le déplacement du travail vers l’espace domestique par la mise en réseaux, l’approvisionnement entre les mains d’Amazon & co, la convivialité et la communication via WhatsApp, la culture et l’information réchauffées dans les tubes télévisés. La beauté de voir les rues sans automobiles et de respirer de l’air propre dans les villes ne va pas sans l’interdiction d’exprimer sa mauvaise humeur dans la rue. Ce qui était Polis ou communauté, devient réseau.

Cher Nico, permets moi de revenir à cette idée encore une fois : du théâtre pour cinquante, ou au maximum cent spectateurs, dispersés dans ta grande salle, bien installés, à leur aise. Pour toi, sûrement une source d’effroi, pour moi, un espoir.

Depuis quatre semaines, seul chez moi, je pense à ce qui me manque et pourquoi. Etrangement, bien que je n’y aille presque jamais, je pense au parc des Buttes-Chaumont qui se trouve dans mon quartier et à présent fermé au public. Pourquoi me manque-t-il, puisque je n’y vais pour ainsi dire jamais ? Il me manque parce que je sens qu’il fait partie de ma vie et que je ne peux pas imaginer vivre ici dans le dix-neuvième arrondissement de Paris sans ce parc. Mon environnement sans lui serait une sorte de prison en plein air. Un parc est un lieu idéal de rencontre avec la nature, avec d’autres êtres humains et des chiens. On n’est pas seul dans un parc, mais ce n’est pas non plus le lieu des grands rassemblements. On va se promener, on lit un livre, on prend le soleil, on fait du jogging ou on respire le parfum d’une fleur. On le traverse à la hâte parce que c’est un raccourci. Il y a des aires de jeu pour les enfants, on peut les regarder jouer – on peut aussi s’éloigner d’eux parce qu’on veut être tranquille. On s’énerve dès que quelqu’un fait du bruit. On a des pensées claires et des pensées sombres. On n’a pas besoin de masses de gens qui font la même expérience du parc que soi. On peut y faire l’expérience des relations les plus diverses à la nature, à la vie et à soi-même. On se demande pourquoi on a donné telle forme à la nature, pourquoi elle ne pousse pas comme elle veut. Si on a de la chance, le parc peut réveiller l’envie de la forêt et des grands espaces et de la mer.

La visite au parc est gratuite, mais maintenir le parc en bon état dévore beaucoup de travail et d’argent. Et ça ne dérange personne, car un parc -c’est évident sans faire le moindre calcul des coûts et des profits- fait partie de notre vie, de notre richesse, et on ne peut imaginer s’en passer. Et ce n’est pas vrai que ça ne dérange personne. Les réfugiés qui viennent chez nous pour fuir la misère et la boue et auxquels il est interdit de se construire un abri dans le parc, ça les dérange. Justement c’est notre parc et j’ai honte de ce « notre parc ». Mais quand même, je rêve d’un théâtre qui appartiendrait à la vie comme un parc. Un théâtre dont ceux qui cherchent refuge auraient aussi droit de me chasser si on ne leur offre rien de mieux.

Je trouve que nous pouvons beaucoup demander, mais que par notre talent il nous faut donner la preuve que nous le valons bien. Et peut-être pourra-t-on en arriver à un dialogue avec nos supérieurs où on ne parlera pas que de chiffres et d’argent.

Cher Nico, je ne te salue pas comme le brave soldat Schweyk qui, au moment de prendre congé, disait toujours : «Alors, on dit après la guerre à cinq heures et demie au Café du Calice». Je choisis plutôt, en guise d’adieu, une ligne d’un poème de Hölderlin qui commence par : « Viens ! Vers l’ouvert, ami !». Et plus loin dit : «Car ce n’est pas au Puissant mais à la Vie qu’appartient / Ce que nous voulons, et qui semble convenable et joyeux à la fois.»

Matthias

P. S.

Je vais demander à Irène [ Bonnaud ] de vite traduire cette lettre, car j’aimerais l’envoyer à d’autres amis et ennemis : peut-être qu’à plusieurs, on peut faire bouger quelque chose dans cette époque de plomb. Le premier signe printanier d’un tournant dans la pensée, je l’ai vu dans l’assurance que tout est fait pour nous protéger, nous autres les vieux. Et que la solidarité avec nous est chose acquise. C’est déjà quelque chose. Après tout, on pourrait pu aussi nous supprimer pour raisons économiques. Le slogan de toutes les dictatures, « tout pour notre jeunesse», paraît ne plus être à l’ordre du jour. Peut-être qu’à l’avenir nous autres les vieux trouverons à nouveau une place au théâtre. Notre contribution pourrait être l’expérience, et la générosité sans laquelle il n’y a pas d’art.

Commentaire à cette lettre

En relisant ma lettre adressée à Nicolas Royer, j’ai ressenti un vieux sentiment d’impuissance qui m’est familier. Ce qu’il y a d’imprécis et d’utopique dans mon écriture, réclame des conseils afin qu’à cette pensée née d’une époque plombée, soit donnée une structure, pour qu’elle puisse devenir guide pour une action pratique. Car l’heure qui s’écoule sur le cadran solaire, double souverain de la vie et de la mort, n’exige rien d’autre. Je sais que, de mes maîtres morts, dont j’ai toujours suivi les conseils, je n’entends plus qu’une chose désormais : « Nous avons fait de notre mieux » Ou alors : « Si tu veux en savoir plus, viens nous rejoindre ».

Plutôt que de suivre ce conseil bien intentionné, je préfère repenser la tâche à laquelle ils s‘étaient attelés et qu’ils nous ont demandé de poursuivre. Brecht a formulé cette mission dans le livret de son opéra La Décision:  « Ändere die Welt, sie braucht es ».  (Change le monde, il en a besoin ». Ma lettre concerne cette exigence de base. Quand je suis obligé de regarder à la télévision les événements du monde dominé par le virus, la première chose que j’entends est le retour bientôt possible à notre vie d’avant. Ce discours est sourd et aveugle.

Après avoir si longtemps refusé de voir et d’éviter les conséquences annoncées de la destruction de l’environnement, on pense maintenant vaincre cette pandémie pour que tout continue comme avant. On dit aussi que nous avons eu des épidémies virales de plus en plus fréquentes au cours des dernières décennies, ce qui a conduit à la pandémie Corona. Et d’expérience, on peut prévoir que la lutte contre le Covid-19 prépare le terrain pour l’apparition d’un prochain virus plus terrible encore. Destruction de l’environnement, pandémie, faim et misère, guerres et asservissement sous le dogme de l’enrichissement, est un ensemble de choses qui se nourrissent les unes les autres jusqu’à arriver à une catastrophe finale.

Cette catastrophe, qui s’approche déjà à grande vitesse, se montre au grand jour dans le spectacle grotesque d’un imbécile, laid et d’une pathologie avérée, qui, en pleine pandémie, ampute l’Organisation Mondiale de la Santé des 400 millions de dollars de contribution américaine et regarde le monde malade, d’un air dégoûté mais sans rien faire. Je suis convaincu que seul, un changement radical de notre mode de vie peut nous sauver. Dans ce contexte de mort, l’art doit maintenir vivant le rêve d’un monde de justice. C’est ce dont je veux parler dans ma lettre, et c’est pour ce rêve, mes amis, que j’espère votre aide. Il est de notre devoir de ne pas permettre un « trop tard ». Il est aussi temps de relire Le Théâtre et la peste d’Artaud… »


Réponse de Nicolas Royer à la lettre de Matthias Langhoff

De la promesse à la persévérance

« Le 18 avril 2020, je recevais une lettre du metteur en scène Matthias Langhoff. Je partage avec vous, cher public, ma réponse. Il y a alors quatre semaines que nous avons fermé les portes de l’Espace des Arts et que nous avons dû prendre la décision d’annuler tous les spectacles de la saison pour cause de pandémie.

Je reçois ta lettre, onze longs feuillets que tu as écrits dans la langue qui t’est la plus familière, l’allemand, et que je fais aussitôt traduire par Irène Bonnaud, une metteuse en scène que tu connais bien, elle-même confinée en Grèce où ses travaux sur l’histoire grecque contemporaine la font régulièrement se rendre.

Dans une autre lettre -il faut croire que c’est une forme où la pensée se sent à son aise- Franz Kafka écrivait à son ami Oskar Pollak que, si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, il était inutile de le lire. Et un peu plus loin (« comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes » !), qu’un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous.
Ta lettre, Matthias, a cette puissance-là. Et j’hésite encore à cette heure matinale entre le coup de poing et le coup de de hache…

Que dit cette lettre, pourtant bienveillante mais intranquille ? Elle dit, de la hauteur d’un maître de théâtre qui a passé le siècle dans l’intimité des auteurs et des philosophes, qui a porté à la scène Euripide et Sophocle, Brecht et Goethe, Shakespeare, Tchekhov, Ostrovski, Büchner et Heiner Müller, que nous ne devons pas reprendre le monde là où nous l’avons laissé.
Qu’avant de gagner ces forêts intérieures dont parle Kafka, nous ne vivions pas au paradis. Que cette peste qui aujourd’hui nous accable, qui révèle la laideur stupide des uns tout comme les promesses lumineuses des autres, doit être un socle avec lequel fendre l’avenir.

Dans l’une de tes mises en scènes, Le Désir sous les Ormes d’Eugene O’Neill, tu montrais un cheval – un vrai cheval de labour et de labeur – attelé à une charrue qui ouvrait littéralement la terre du plateau pour qu’on y ensemence les récoltes futures. Il y était déjà question de terre promise d’une lointaine Californie où il suffirait de se baisser pour ramasser des pépites d’or…C’est de ce théâtre-là dont nous avons demain besoin.

Quandj’ai reçu ta lettre qui a l’intimité amicale d’un texte adressé à celui qui entend modestement être au service des artistes et du public, et la puissance d’un manifeste politique et poétique qu’il ne faut pas garder pour soi seul, nous travaillions déjà, avec quelques-uns non résignés, à rompre l’isolement artistique qui nous paralyse. Parce que la sidération n’est pas d’une grande fertilité, nous avions décidé de jouer, coûte que coûte et plus que jamais pour le public.

Léna Bréban, metteuse en scène associée à l’Espace des Arts nous a proposé le projet d’un cabaret joué devant le balcon des E.P.H.A.D devant les fenêtres des cités HLM. Je sais que nous parviendrons à le réaliser dans les semaines à venir. Un cabaret où l’on chantera et où l’on fera chanter, que la vie peut-être en rose et que l’on peut encore danser au petit bal perdu, que l’on ait vingt ans ou que l’on en ait cent: accueillir le public, c’est aussi aller au-devant du public. Partout où la parole peut poser un tréteau  -hier ceux de Copeau, ceux de Vitez– il peut y avoir théâtre.
Il faut réapprendre à jouer pour chacun. Nous saurons ensuite jouer pour tous. Faire entendre le théâtre comme on ferait entendre de la musique de chambre, dans l’intimité de l’humain, dans la proximité attentive de l’humain. Et il n’est pas dit que ce théâtre de résistance  -à l’ennui, à l’isolement, à l’apesanteur léthargique du moment- ne soit ensuite un modèle permettant d’explorer de nouveaux chemins.
Bertolt Brecht, auquel tu te réfères ici -on sait la place que le Berliner Ensemble et la Volksbühne ont tenu dans ta vie d’artiste –, avait imaginé avec une lucidité visionnaire pouvoir redonner au public, grâce à la radio, le rôle autrefois dévolu au chœur dans le théâtre antique. Texte en main, l’auditeur se voyait proposer de lire, donnant en quelque sorte la réplique aux comédiens professionnels qu’il écoutait sur les ondes, la partie de texte qu’Eschyle, Euripide ou Sophocle, avaient imaginé pour le chœur. À peine avais-je rendu publique ta lettre sur le site de Médiapart – ce dont tu étais d’accord -que Charles Berling, Directeur du Théâtre Liberté à Toulon m’appelait. Dans le sillage de tes réflexions, nous avons aussitôt décidé de nous associer pour commander à des auteurs contemporains, des textes permettant d’utiliser, on dirait presque détourner, tant l’usage qui en est trop souvent fait est éloigné des questions de sens, les écrans numériques pour y inoculer une contamination citoyenne, solidaire et salutaire.

La période de confinement a suscité de la part des créateurs un grand nombre d’initiatives pour contourner l’impossibilité du « jouer ensemble ». Ce qui vaut pour les musiciens d’orchestres classiques, les formations jazz, la musique pop-rock, vaut également pour les comédiens. Mais il semble possible de développer à cet endroit des propositions qui dépassent le « faute de mieux » et utilisent pleinement les potentialités d’un médium qui, pour reprendre les mots de Mac Luhan, a transformé le monde en village. On aimerait que ce soit pour le meilleur et pas seulement pour le pire. Sur cette place de village numérique, prenons la parole, reconstruisons nos amphithéâtres d’Epidaure.

À peine avais-je raccroché avec Charles Berling, que je recevais de Cyril Teste, metteur en scène du collectif MxM, ces quelques mots que lui avait inspirés la lecture de ta lettre ! « Nous fermons nos théâtres et les paysans continuent de labourer la terre pour que nous puissions manger demain. Labourer et élaborer. Nous devons écrire un manifeste pour reprendre nos terres pour labourer de nouveau. L’heure de la récolte n’est pas encore de mise certes, mais cela ne nous empêche pas de préparer la terre, ça s’appelle la rotation des cultures. Réhabiter nos Théâtres, comme autant de terres en friches, pour y travailler à nouveau. Nos théâtres vides, qui n’attendent que nous pour être habités et ne peuvent se résoudre à vibrer avec les fantômes du monde passé, élaborer simplement l’avenir et ne pas attendre comme des enfants qu’un seul représentant de l’État nous dicte nos règles. Proposons un manifeste d’élaboration et que le théâtre redevienne avant tout une démarche citoyenne. »

Ta lettre, Matthias, nous est une brassée de genêts qui vient alimenter le feu de notre campement de fortune. Elle nous invite à penser plus loin, plus large, plus grand. Là où est le péril, là est aussi le salut. Il faut poser l’espérance en principe. Cela aussi est une belle promesse. »

Nicolas Royer

EXPEDITION EN TURAKIE Turak Theatre Création Avril 2020

Légendes de Turakie

Michel Laubu et sa complice Emili Hufnagel nous invitent à poursuivre le voyage en Turakie sous une forme insolite. À travers des monuments chargés d’histoire, des groupes de spectateurs déambulent entre saynetes singulières et objets décalés.

La création prévue en avril 2020 est reportée au printemps 2021 

FESTIVAL FAMILLE à IVT 4 et 5 avril 2020

FESTIVAL FAMILLE à IVT

Au programme de ce mini-festival,  des formes courtes à partager en famille le temps d’un week-end

Milo – Cie L’Arbre à Fous
Pour découvrir les histoires à la lanterne magique, il faut s’installer dans le noir, devant un grand drap bien tendu. Le temps d’allumer la lanterne et l’aventure commence?: celle de Milo perché dans un arbre. Un petit garçon qui va partir à la recherche d’une musique. Une musique qui fait vibrer les coeurs.

Balbu’signes Balbu’sons – Confiture et Cie
Concert décalé en LSF, voyage multi-sensoriel partagé par les enfants et leurs parents, par les Sourds et les entendants.
Des notes, des mots au bout des doigts et du rythme aux orteils.
Ça percute, ça vibre, ça chante, ça danse au rythme de la guitare, du ukulélé, du balafon, de la basse et des tambours !

Dans l’atelier – Cie Tof Theatre
Dix-huit folles minutes pour raconter les déboires d’une marionnette en cours de fabrication qui tentera tant bien que mal de s’achever elle-même…
Dix-huit minutes durant lesquelles le personnage luttera avec les éléments, la matière, les objets et parfois même avec ses manipulateurs qu’il n’hésitera pas à tyranniser !

à IVT, samedi 4 et dimanche 5 avril 2020

LA MAIN D’OEUVRES Le rêve d’une ombre Avril 2020

Compagnie La Main d’oeuvres

Le rêve d’une ombre (création)

Librement inspiré de L’ombre de Hans Christian Andersen.

Théâtre d’images, d’espace et d’objets

Notre ombre, ce double silencieux, nous suit fidèlement en toutes circonstances. Que se passerait-il si elle prenait tout à coup son autonomie et décidait de désobéir ? Cette étrange situation, le jeune homme qui s’avance devant nous l’a vécue. La main d’oeuvres transpose un conte cruel d’Andersen dans un univers habité par des images évanescentes, épurées et naïves. La marionnettiste et scénographe Katerini Antonakaki construit en direct ces images dessinées ou filmées, tandis que le comédien et auteur Achille Sauloup donne corps et voix au récit. Des mélodies amples et envoûtantes au piano ajoutent à la magie.

La compagnie affectionne les « objets scèniques atypiques ». Ses spectacles et ses installations mettent en tension l’image éphèmere, le corps en mouvement et le mot pour faire naître des sensations et des impressions. Ils ouvrent vers des espaces temps qui sont autant de miroirs poétiques du réel. Le Rêve d’une ombre convoque la figure du double et donne à penser à la recherche de soi-même, aux multiples facettes qui sont en nous et au courage de nos choix.

Du 21 au 30 avril 2020

au Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette

VENT DEBOUT / Cie Des Fourmis dans la Lanterne à IVT en mars 2020

La vie d’une petite fille bascule quand elle fait l’étrange découverte d’un pays grouillant de mots, de sons, d’inscriptions. N’ayant connu jusqu’alors qu’un monde de silence, elle tente de comprendre ce qui la sépare de cet autre monde.

Chez elle, tout est blanc et rien ne résiste au vent. Un vent puissant, capricieux et omniprésent. Ce spectacle visuel, sans parole, est inspiré des pays où les peuples sont réduits au silence par la censure. Il est question de liberté d’expression, d’engagement et de lutte.

Une échappée poétique, pour marionnettes sur table dans un univers de papier.

Représentations :

2 au 5 avril 2019 / L’Avant-Seine – Colombes

19 juin 2019 / Artéphile – Avignon (avant-première)

5 au 27 juillet 2019 / Artéphile – Avignon Off


DATES À PARIS EN MARS 2020

du jeudi 26 au samedi 28 mars 2020

à International Visual Theatre (IVT) 7 Cité Chaptal 75009 Paris

vendredi 26 à 18h – samedi 28 à 15h et 17h

& scolaires : jeudi 26 à 10h et 14h + vendredi 27 à 10h

Co-programmation International Visual Theatre / Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette

LA COMPAGNIE À Mars / Avril 2020

La Compagnie à

Le Chant du bouc, Autour de Babel et La Conquête

La Compagnie à porte sur notre monde un regard singulier, à la fois poétique et politique, et qui débusque l’universel dans les situations les plus minuscules. Elle a été crée en 2003 à Angers, par Dorothée Saysombat et Nicolas Alline, tous deux acteurs et metteurs en scène. En une dizaine de spectacles, ils ont inventé un théâtre réjouissant et exigeant, qui mêle le clown, la marionnette, le théâtre d’objets, le tragi-comique, l’aigre-doux, le décalage burlesque, les petits gestes et les grands mythes…

Le Chant du bouc du 19 au 22 mars 2020

Autour de Babel du 25 au 29 mars 2020

La Conquête du 1er au 4 avril 2020

au Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette

LE THÉÂTRE DE LA TORTUE NOIRE Février / Mars 2020

Focus sur la marionnette québécoise
THÉÂTRE DE LA TORTUE NOIRE

Le petit cercle de craie, Kiwi et Ogre

C’est d’outre-Atlantique, du Canada, et plus précisément du Québec, que nous vient La Tortue Noire pour un temps fort. Une occasion unique de découvrir deux pièces emblématiques de leur répertoire et leur dernière création.

Inspirés par la symbolique, les artistes de La Tortue Noire placent l’objet au centre de leur processus de création. Ici, l’objet devient un sujet à part entière. C’est l’objet qui fait naître le geste, c’est l’objet qui est la portée sur laquelle s’écrit la mélodie du corps en mouvement. Les créations de La Tortue Noire proposent des spectacles réunissant le jeu d’acteur, le théâtre de marionnettes et le théâtre de formes et d’objets animés. Elles donnent également à entendre la littérature québecoise contemporaine. Dany Lefrançois et Sara Moisan vivent et travaillent au Québec, à Saguenay, ville fameuse pour son Festival international des arts de la marionnette – FIAMS.

Après s’être rencontrés pour Kiwi en 2007, ils codirigent la compagnie, inventant leur propre langage. La Biennale internationale des arts de la marionnette les a accueillis en 2017 avec Le Petit Cercle de craie et Kiwi.

Le petit cercle de craie du 25 février au 1er mars

Kiwi du 3 au 8 mars

Ogre du 10 au 15 mars

Au Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette

HEN de Johanny Bert Janvier / Février 2020

HEN de Johanny Bert

Un Cabaret insolent

Une création hors norme pour un théâtre subversif

HEN est le fruit d’un travail sur les questions d’identités et de genre confrontée à une recherche sur les origines d’un théâtre de marionnettes subversif. Björk, Brigitte Fontaine, Freddie Mercury, Lady Gaga… Ces icônes déjantées sont autant de sources d’inspiration pour peindre et chanter ce HEN joyeux et provoquant qui affirme, toujours avec humour et dérision, son parcours intime, ses identités variées, son humanité.

Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette
Johanny Bert – Théâtre de Romette
Hen du 22 janvier au 8 février 2020

MON DÎNER AVEC WINSTON Hervé le Tellier / Gilles Cohen – Création et tournée 2019-2020

MON DÎNER AVEC WINSTON

Hervé Le Tellier / Gilles Cohen

Création à l’Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône

Ce soir, Charles reçoit Winston Churchill à dîner.  Petits plats dans les grands, vins fins, whisky et cigares – doubles Corona Julieta bien sûr – Winston ne fume que ceux-là. Un repas entre vieux amis, où l’on se souviendra, où l’on se racontera la vie, la guerre…

Si Charles avait vraiment connu Winston et si Churchill n’était pas mort depuis plus de cinquante ans, la situation serait presque ordinaire…

L’admiration que Charles porte au grand homme est de nature quasi-religieuse. Photos aux murs, enregistrements, journaux,rien ne manque à ce musée domestique. Les discours de Churchill ? Charles les connaît par coeur. Ses goûts culinaires? Les siens désormais, jusqu’à son physique qui n’est pas sans rappeler celui de son idole. Il suffit de se plonger dans les mémoires de celui qui incarna la résistance du monde libre pour comprendre qu’il y a là matière à fascination.Le temps d’un dîner, c’est tout un siècle qui met les pieds sous la table de Charles et de son invité, où l’Histoire – la grande – passe les plats, où s’invite Daladier, où picore Chamberlain, où Hitler débarrasse…

La boisson aidant, Charles libère les mots comme d’autres ont libéré les peuples et l’on ne sait plus ce qui est le plus triste, des ruines de Londres ou des peines de coeur de Charles après que sa femme l’ait quitté.

Le formidable Gilles Cohen – qu’on se souvienne de lui dans Revenez demain ou plus récemment dans la série télévisée Le Bureau des Légendes – fait à nouveau merveille dans ce rôle de vieux solitaire alcoolique, mêlant le plus intime d’une vie ordinaire aux imitations de François Hollande ou Jacques Chirac, endossant la redingote de Churchill, ou tentant d’amadouer un voisin qui n’en peut plus de ces discours tonitruants qui percent son plafond plus souvent que les bombes.

Devant tant d’amour et d’insistance, il n’est pas sûr que Winston himself ne finisse par sonner à la porte…

 

CRÉATION Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône 26 > 30 novembre 2019 / 5 et 6 février 2020

Théâtre Saint-Louis, Pau 10 et 11 décembre 2019

Théâtre Montansier, Versailles 13 et 14 décembre 2019

Théâtre du Rond-Point, Paris 4 mars > 5 avril 2020 (relâches les lundis et le dimanche 8 mars 2020)

Cie DROLATIC INDUSTRY Novembre / décembre 2019

La Compagnie Drolatic Industry

UN THÉÂTRE VISUEL CRÉATIF À L’UNIVERS ESTHÉTIQUE LÉCHÉ.

UN MONDE TENDRE SENSIBLE ET DRÔLE.

Dès le 26 novembre et jusqu’au 23 décembre 2019, nous accueillons la Compagnie Drolatic Industry avec Playmorbide et leur dernière création Papic. Ils nous parlent du passé et de son importance au quotidien, sans nostalgie mais justement avec humour ou tendresse.

L’entresort déambulatoire Playmorbide nous promène dans un cimetière créatif et « drôlement noir ». Cette visite guidée insolite nous mène à la rencontre de paroles de disparus. L’univers n’est pas sans rappeler celui de Tim Burton.

Et pour leur première pièce pour tout-petits, les Drolatic ont choisi le théâtre de papier pour nous conter les liens d’une petite fille et de son grand-père. Une transmission qui passe par de menus objets devenant alors de véritables trésors. Des surprises visuelles pour le plaisir de s’émouvoir.

Playmorbide du 26 au 30 novembre 2019
Papic du 4 au 23 décembre 2019

au Mouffetard – Théâtre des Arts de la Marionnette

DOUCE Dostoïevski / André Oumansky Novembre 2019

DOUCE d’après la nouvelle de Dostoïevski

Adaptation et mise en scène André Oumansky

Avec Anna Stanic, Nicolas Natkin, Rose Noël et Maxime Gleizes

André Oumansky adapte au théâtre la nouvelle de l’écrivain russe Fédor Dostoïevski, La Douce, publiée en novembre 1876 dans Le Journal d’un écrivain.

Douce nous livre le désarroi d’un homme qui vient de découvrir le suicide de sa femme. L’histoire de leur couple nous est dévoilée rétrospectivement. Les profondeurs de l’âme humaine, chères à l’auteur de Crime et Châtiment, sont ici peintes avec force. L’homme transi de doutes et de remords, sa femme Douce, entre silence et révolte, s’affrontent et se fuient sans jamais se rencontrer.

Une peinture du couple aux accents très modernes. Aimer est -il possible ? L’amour existe-il ? N’est-il que calcul mû par les intérêts personnels ? N’est-il pas mépris de l’autre ? N’est-il pas aliénation et étouffement du conjoint ?

André Oumansky, acteur français retrouve le comédien Nicolas Naktin et sa compagnie Le Goéland, après Le Misanthrope, en 2016, ils nous présentent Douce, un huis clos intense signé par un grand maître !

 

A partir du vendredi 15 novembre 2019

au Théâtre LEPIC (ancien ciné 13 Théâtre)

1 avenue Junot – 75018 PARIS

MISS OR MISTER PRÉSIDENT Jennifer Lesage David – Création novembre 2019

Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ce serait interdit Coluche

Dans un futur proche, dans un pays pas si lointain… Les dérives politiques conduisent au blocage des institutions. Aucune prise de décision n’est possible, le président démissionne.

Serez-vous en mesure de choisir le sauveur de la démocratie ?

Vous êtes invités à assister sur le plateau d’IVT, à la grande soirée pour choisir votre Miss ou Mister Président.

De nouveaux candidats surprenants présentent leur programme prometteur pour le pays de demain. Qui sont-ils ? Pourront-ils faire mieux que leurs prédécesseurs ? Lequel sera votre favori ? Venez assister à ce meeting politique loufoque.

Attention, ce spectacle peut contenir des traces de satire humoristico-politico légère.

Création à IVT 14 au 17 novembre 2019

Focus sur Damien Bouvet – Cie Voix off – Novembre 2019

FOCUS SUR DAMIEN BOUVET – CIE VOIX OFF

Damien Bouvet est de ces artistes inclassables qui, à l’image de la marionnette, conjugue librement plusieurs langages. Celui du corps d’abord — central — travers le thème du travestissement et de la métamorphose, mais aussi, celui de l’adresse au public toujours très juste, qu’il déploie au gré des apparitions de ses personnages. Enfin, le langage clownesque, qu’il réinvente, comme une obsession.

La Bibliothèque nationale de France, le Théâtre Dunois, le Théâtre aux Mains Nues, Le Samovar, l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette s’associent pour ce focus qui nous permet d’entrer au coeur de l’œuvre de cet artiste et de s’immerger dans son travail si singulier. Au programme près de 40 représentations avec cinq spectacles dont une création, des rendez-vous questionnant le rapport à la « trace artistique » et des Plateaux Jeunes Projets inscrivant l’artiste dans une démarche de transmission.

Le Poids d’un fantôme du 6 au 16 novembre 2019
et Le Passage de l’ange du 28 novembre au 1er décembre 2019

NICKEL de Mathilde Delahaye Création novembre 2019

Le désir de ce spectacle est né d’une rencontre avec la communauté de voguing parisien.

En assistant à des balls et en écoutant parler les performeurs, j’ai senti qu’il y avait quelque chose de puissant qui se passait là, dans l’invention d’une langue de résistance, dans la codification à l’extrême, dans les rituels que contient cette culture.

Je ne veux pas faire un spectacle sur le voguing, ce n’est pas mon endroit, en revanche, travailler avec des vogueurs, comprendre et utiliser le voguing comme une technologie de pensée, dire comment la marge stigmatisée fait communauté pour réinventer sa vie : c’est tirer un fil, celui d’une résistance par le rituel exutoire, qui parle à tous, et qui fait théâtre.

Le voguing est une culture, plus que la désignation d’un style de danse urbaine. Il est né d’une double exclusion : celle de la communauté homosexuelle au sein de la communauté noire, à New-York dans les années 80. Des jeunes personnes racisées, homosexuelles et/ou trans, dans des situations parfois très précaires, se retrouvaient ensemble, inventaient un mode de communauté protectrice et soignante, créaient les conditions pour réinventer leur vie, se redéfinir dans les marges d’un monde où leurs places étaient dangereuses.

Réinventer des hiérarchies – les « mothers » des « houses »que l’on se choisit, groupe d’une dizaine de personnes, jouent un rôle social très fort, d’éducation et de protection , des pronoms, des styles de vie et des modes de fonctionnement inédits qui leur correspondaient.

La naissance de telles communautés en France date d’une petite dizaine d’années et est venue répondre au même désir d’expression, de solidarité et de fête. Les structures inventées sont similaires, et le rituel des balls – les soirées où s’affrontent les vogueurs dans des battles déclinées en différentes catégories de performance, souvent relatives à la performance de la féminité – se sont adaptées au contexte politico-social français.

C’est en fréquentant les balls et en rencontrant des personnalités influentes de la scène voguing français que j’ai décidé de travailler avec deux des performeurs qui seront dans le spectacle. Je veux travailler avec le vocabulaire de cette contre-culture d’aujourd’hui, avec ce qu’elle appelle d’inclusion, de liberté, de joie.

En m’inspirant d’eux, m’est venue une fable, une arche narrative, qui montrerait le passage du temps dans un lieu unique,dans les marges desquelles une succession de petites communautés résistantes se fraieraient une vie.

Dans le spectacle, il y aura des vogueurs et des acteurs, sept performeurs au total, qui font communautés passagères dans un espace scénographique en permanente métamorphose, un espace-système, une usine du monde. Jusqu’à présent, j’ai considéré la mise en scène comme un geste d’herméneute.

Fidèle à ce qu’on enseigne dans lesécoles qui m’ont formée : un metteur en scène est l’interprète premier du texte, qui est le seul vrai fanal d’une création. Aujourd’hui je ressens la nécessité de déplacer mon geste, d’écrire une partition de corps, de textes et d’espace, d’humains et non-humains, pour dire les tentatives de résistance et d’invention précaire, les cabanes de sens dans les marges du temps.

5>9 novembre 2019

Feydeau / Gilles Bouillon Création novembre 2019

DORMEZ JE LE VEUX !

suivi de  MAIS N’TE PROMENE DONC PAS TOUTE NUE ! 

Georges Feydeau / mise en scène Gilles Bouillon

 

Ah ! que cela est fou, mais que cela est amusant ! Il n’y a pas à dire, il a été merveilleusement doué de joie et d’invention burlesque, ce jeune Feydeau … C’est absurde évidemment, mais si drôle ! 

Catulle-Mendès

 

Coup double. D’abord parce que dans ces deux comédies Feydeau tire frénétiquement, et en un temps record, toutes ses cartouches comiques à la fois. Parce qu’on en redemande et qu’il faut bien ces deux étages à la fusée du rire…Coup double, parce que, au-delà des différences de genre entre le vaudeville (Dormez, je le veux !) et la farce conjugale (Mais n’te promène donc pas toute nue !) et malgré l’écart temporel entre les deux pièces (1898-1911 : treize années !), ce qui frappe c’est la permanence et la vigueur du style,cette folle gaîté, le tempo effréné, le mélange d’horlogerie fine et de débordements absurdes, la pointe acérée sous la légèreté du ton. Surtout, dans ces deux comédies en un acte, un même bruit de fond. Comme un retour – feed back- du refoulé, à la fois de la réalité socio-économique et de l’inconscient…

Dans Dormez, je le veux ! Justin le domestique, grâce à son talent d’hypnotiseur, se fait servir par son patron dont il fume les cigares… Le valet mène le jeu, redistribue les cartes du jeu social et dénonce ainsi de manière carnavalesque le système d’exploitation et de domination mis en place par la bourgeoisie .

Clarisse, la protagoniste de Mais n’te promène donc pas toute nue, est l’épouse d’un homme politique en vue. Dans ce milieu guindé de convenances, de préjugés et d’hypocrisies, elle manifeste une (presque) totale liberté de tenue et de langage. Loin d’être une ingénue ou une écervelée, son apparente légèreté lui permet une critique sans concessions du système parlementaire corrompu, des contrats de mariage, de la vie domestique, de la situation d’infériorité faite aux femmes.

Création du 22 au 26 novembre 2019 au Théâtre de Châtillon (92)

La Cie Les Maladroits – Octobre 2019

DES RÉCITS FORTS RACONTÉS AVEC INTENSITÉ ET OÙ COMÉDIENS ET OBJETS NE FONT QU’UN.

En octobre, Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette accueille la Compagnie les Maladroits avec Frères et Camarades, les deux premiers spectacles d’un tryptique de création animé par les thématiques de l’engagement, de l’utopie et de l’héritage générationnel.

Deux spectacles regardant en arrière pour se plonger dans le présent, de la guerre d’Espagne et l’exil des républicains espagnols avec Frères, en passant par Mai 68 et les années 1970 avec Camarades, entre petites et grande Histoire, fiction et documentaire.

Frères du 2 au 6 octobre 2019
Camarades du 8 au 20 octobre 2019

au Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette

LE MOUFFETARD / Saison 2019 – 2020

Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette

Saison 2019 / 2020

Les 16 spectacles programmés en 2019/2020 abordent – avec la distance que permettent les arts de la marionnette – une pléthore de sujets de société. À travers les objets très présents cette saison, les artistes partagent avec émotion leurs regards sur le monde.

Avec Hen, Johanny Bert s’empare des thèmes de l’identité et du genre en mettant en scène une marionnette queer dans un cabaret insolent.

L’altérité, l’intégration et l’exclusion sont notamment abordés dans les spectacles Kiwi et Ogre présentés par le Théâtre de La Tortue Noire et dans les trois spectacles de la Compagnie à : Le Chant du Bouc, Autour de Babel et La Conquête.

Les Maladroits présentent les deux premiers volets d’un tryptique traitant de l’héritage entre générations : avec Frères, ils nous rejouent la guerre d’Espagne et avec Camarades, ils nous replongent dans le Moment 68.

Depuis 20 ans, Damien Bouvet a conçu une quinzaine de spectacles au sein de sa compagnie Voix Off. Conjuguant clown, théâtre gestuel et théâtre d’objets, il est un artiste inclassable. Pour mieux le connaitre, Le Mouffetard, accompagné de cinq structures partenaires, propose un focus sur son oeuvre du 8 octobre 2019 au 18 janvier 2020 avec 5 spectacles (dont une création Passage de l’ange), 2 rencontres et 2 Plateaux Jeunes Projets.

Après le succès de Pinocchio live, Alice Laloy, artiste associée au Mouffetard, poursuit sa recherche autour de l’inanimé et investit le théâtre pour deux soirées spéciales les 16 et 17 mai.

La saison finit en beauté avec la nouvelle génération de marionnettistes qui, pour la 13e édition des Scènes Ouvertes à l’Insolite nous en met plein les yeux.

Mardi 17 septembre à 19h30

INTERNATIONAL VISUAL THEATRE / Saison 2019-2020

International Visual Theatre (IVT)

Saison 2019 / 2020

IVT sur tous les fronts !

Spectacles, ateliers, formations, exposition, conférences…

Ce lieu dédié à la culture sourde et dirigé par le duo de femmes engagées, Emmanuelle Laborit et Jennifer Lesage-David, offre une saison 2019-2020 pétillante et diversifiée.

Surprise ! Jennifer Lesage-David se lance dans sa première mise enscène, Miss or Mister Président, un spectacle bilingue LSF/Français qui sera présenté à IVT du 14 au 17 novembre 2019.

IVT a concocté une riche programmation pour les familles. La saison ouvrira avec la reprise de la pièce Le Petit Prince de Hrysto du 12 au 18 octobre, un spectacle qui offre l’opportunité aux enfants sourds d’accéder au célèbre texte de Saint-Exupéry. Nouveauté ! IVT organise un week-end famille les 4 et 5 avril 2020, un mini-festival composé de formes courtes comme Milo, un conte de La Cie L’Arbre à Fous. Cet événement mettra à l’honneur deux disciplines chères à IVT, la marionnette avec Dans l’Atelier du Tof Théâtre et le chansigne avec Balbu’signes Balbu’sons de Confiture et Cie.

présentation de saison 19 septembre 2019

LE NOUVEL ESPACE DES ARTS – Saison 2019 – 2020

LE NOUVEL ESPACE DES ARTS – Saison 2019 – 2020

Entièrement rénové depuis septembre 2018, l’Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône connaît un succès grandissant.

Avec un public de plus en plus large et des espaces de travail de grande qualité pour les artistes, l’Espace des Arts est devenu un haut lieu de la création artistique reconnu sur l’ensemble du territoire.La dernière saison de Philippe Buquet s’annonce riche et audacieuse : Le festival de danse Instances se poursuit avec un focus Liban et s’ouvrira avec la création Di Grazia de Alexandre Roccoli avec Roberta De Stefano, pièce produite par l’Espace des Arts.

Parmi les productions en tournée, un spectacle fut nommé aux Molières, Verte de Marie Desplechin mis en scène par Léna Bréban. Toujours du côté des productions déléguées, Mathilde Delahaye, metteure en scène et artiste associée à l’Espace des Arts présente sa création Nickel tandis que Gilles Cohen met en scène et interprète Mon dîner avec Winston de HervéLe Tellier, un spectacle qui sera repris au Théâtre du Rond-point à Paris en mars 2020.

Talents ADAMI Paroles d’acteurs Octobre 2019

Uneo uplusi eurstragé dies Eschyle – Sophocle

Répéter inlassablement, jouer à cru sans lumière ni décor ni costume, désigner par l’aléatoire d’un tirage au sort une distribution égalitaire des rôles à chaque représentation signent son théâtre, niché dans un espace vide où fusent les corps et le verbe. Gwenaël Morin convie les acteurs « libres, simples et silencieux », répète, épuise, dépouille, pour qu’advienne l’essentiel. Ici, quelle sera la tragédie ?

Travaillant Les Exilées d’Eschyle et les quatre morts de Sophocle – Ajax, OEdipe, Antigone, Héraklès – elle pourra être une et toutes à la fois.

Talents Adami Paroles d’acteurs offre l’opportunité exceptionnelle à des comédiennes et comédiens de travailler sous la direction d’un metteur en scène de renom. Véritable rencontre entre deux générations d’artistes, ce programme d’accompagnement représente un fabuleux tremplin pour les jeunes professionnels sélectionnés. Ils bénéficient d’une occasion unique de jouer dans une création présentée en avant-première au Festival d’Automne à Paris 2019, manifestation au rayonnement international. En 2019, c’est au metteur en scène Gwénaël Morin que l’Adami donne carte blanche.

Lundi 7 octobre 2019 à 20h30 (générale)

Mardi 8 octobre 2019 à 20h30

Mercredi 9 octobre 2019 à 20h30

Jeudi 10 octobre 2019 à 20h30

Vendredi 11 octobre 2019 à 20h30

Samedi 12 octobre 2019 à 15h00 et à 20h30

 

HEN de Johanny Bert – Création Juillet 2019 Avignon Off

Hen de Johanny Bert

Création du 6 au 24 Juillet 2019 Avignon Off

Un cabaret insolent (déconseillé aux moins de 16 ans)

HEN est un pronom suédois entré dans le dictionnaire en 2015 qui permet de désigner indifféremment une femme ou un homme (se prononce heune). C’est aussi le nom de la marionnette exubérante et transformiste de la nouvelle création de Johanny Bert. HEN est un personnage altersexuel inspiré des cabarets berlinois des années 30 et de la scène performiste queer actuelle. C’est la figure centrale de ce spectacle choc, marionnette manipulée à vue par deux acteurs Johanny Bert et Anthony Diaz. HEN se transforme et joue avec les images masculines et féminines grâce à un corps « mutant » au gré de ses envies, avec sarcasme et insolence. Il n’est ni travesti, ni transsexuel, ni transgenre. C’est HEN, personnage plein de vie, diva enragée et virile à talons qui s’exprime en chantant l’amour, l’espoir, les corps, la sexualité en toute liberté.

CRÉATION & TOURNÉE

Avignon Off – Théâtre du Train Bleu  6, 8, 10, 12, 14, 16, 20, 22 et 24 juillet 2019 à 17h10

Bateau Feu – Scène nationale Dunkerque du 21 au 23 novembre 2019

Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette  du 22 janvier au 8 février 2020

À PETITS PAS DANS LES BOIS Cie Toutito Teatro Juillet 2019 Avignon OFF

Un doux plongeon dans l’univers du Petit Chaperon rouge

Spectacle gestuel et visuel tout public à Partir de 2 ans

Avec À petits pas dans les bois… Toutito Teatro plonge dans l’univers d’un grand classique de la littérature jeunesse : Le petit chaperon

rouge. Les spectateurs sont invités à entrer dans les bois en prenant place dans un espace scénique englobant, rassurant et intimiste. Assis dans la clairière, au centre de cette forêt avec ses possibles et ses dangers. Les adultes et les enfants découvriront une version de ce conte et pourront se frotter mais tout en douceur à cette question de la peur du loup et de ce que représente pour chaque individu le chemin à emprunter vers le monde extérieur. C’est à travers les chaussures, les bonnets, les pantalons et manteaux des comédiens qu’apparaîtront les paysages, les personnages et les chemins tortueux de la forêt de notre histoire.

À petits pas dans les bois… est une traversée gestuelle et visuelle, une rencontre poétique et singulière où les formes théâtrales s’entremêlent et nous entraînent.. Sur les pas du petit chaperon rouge.

Du 5 au 28 juillet  au Théâtre Présence Pasteur
Avignon Off

Talents Adami Ecrits d’acteurs Festival d’Avignon Juillet 2019

Abîmés Mise en scène de Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève

Avec Lucas Borzykowski, Tom Boyaval, Raphaëlle Damilano, Roman Kané, Zacharie Lorent, Camille Sansterre, Thomas Zuani.

La nouvelle édition des Talents Adami Ecrits d’acteurs, explore la thématique de l’Exil.

Sept jeunes comédiens, sous la direction de Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève, présenteront les 20 et 21 juillet au Jardin de la rue Mons, un spectacle à partir de textes d’acteurs. Des voix du Liban, de Syrie, du Chili, d’Amérique, d’Afrique ou de France s’élèvent pour raconter des histoires singulières, personnelles, celles de la migration, de l’exil, de la guerre, de l’engagement politique.

Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève collaborent depuis bientôt vingt ans, et ont fondé en 2001 la compagnie f.o.u.i.c. Ensemble, ils mettent en scène, conçoivent, écrivent ou adaptent une dizaine de spectacles aux multiples formats, théâtre immersif, pièces itinérantes, créations de plateau, dont Abilifaïe Léponaix, Mangez-le si vous voulez, Timeline, Je vole… et le reste je le dirai aux ombres. Des spectacles tournant toujours autour de leurs obsessions, l’origine de la violence, la marge, la folie, l’instant où ça bascule, la perte de l’humain.

Festival d’Avignon – 20 et 21 juillet à 18h

Jardin de la rue Mons – entrée libre

Programme complet à venir

Talents Adami Ecrits d’acteursDepuis six ans, l’Adami, société qui gère les droits des artistes-interprètes en France et dans le monde, propose pendant le Festival d’Avignon Talents Ecrits d’acteurs : une invitation faite à un metteur en scène expérimenté de travailler avec une dizaine de comédiens sélectionnés lors d’auditions. Une occasion unique pour ces jeunes Talents de se produire dans l’un des hauts lieux du théâtre, et d’aller à la rencontre d’un public.

Pour la première fois, l’équipe pourra bénéficier, en amont du festival, du 6 au 11 avril, d’une résidence de travail à la FabricA, et répéter dans des conditions idéales.

20 et 21 juillet à 18h

LE RAZ DE MARÉE Cie SKaGeN Juillet 2019 Avignon OFF

Lame de fond

Le raz de marée, joué sous forme de monologue, conte l’histoire d’un couple bercé dans un cadre idyllique. Ils s’aiment et vivent dans une belle maison en bord de mer depuis des années. Le monde extérieur semble ne pas exister, jusqu’au jour où ils sont confrontés à un événement troublant : des cadavres échouent sur le rivage. Des adultes, d’abord… puis un enfant. L’homme est résolu à continuer sa vie aussi normalement que possible. La femme se sent toujours plus corrodée par les événements.

Le silence partagé qui était leur paradis se change en un enfer d’incompréhension. Aurait-elle pu sauver l’enfant, si lui ne l’en avait pas retenue ? Pourquoi ne dit-il rien ?

Le raz de marée nous emporte dans un voyage poétique qui questionne les valeurs de notre société, notre faculté d’empathie, la façon dont nous nous comportons quand quelque chose menace notre bonheur, et l’impact du monde sur notre vie privée.

Une atmosphère feutrée, la mise en scène subtile et le jeu des lumières associé aux sons et aux projections concourent à une plongée sensible dans le monde intérieur de cette femme bouleversée.

Représentations : 

AVIGNON OFF

La Manufacture /Château de St Chamand

2, rue des Écoles (départ navette à 19h20)

Du 5 au 25 juillet 2019 à 19h20

Relâches les 11 et 18 juillet

Durée totale navette comprise : 1h35

www.lamanufacture.org

Le trailer du spectacle est disponible ici : https://vimeo.com/347562956/9158eaf8f2